ROSAIRE / DIPLÔME (TOULOUSE, 1687-1690)
Les quinze miracles, vertus et mysteres du S. Rosaire
Jacques SIMONIN (actif 1686-1737), graveur
S. d. [vers 1687-1690]
Eau-forte et burin
C. de pl. : 36 x 27,5 cm
France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir, D305.
© Claire Rousseau
Lettre
1. Dans un phylactère, dans le haut de l’image
LES . QUINZE MIRACLES . VERTUS ET . MYSTERES . DU S . ROSAIRE
2. Sur la bordure des médaillons du centre, en partant du bas et en remontant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre
1 MR HUMILITÉ DE JESUS ET DE MARIE ST PIERRE ; 2. ST JEAN DE BOULOGNE MR ET CURÉ CHARITE ; ST THOMAS DAQUIN PAUVRETÉ DE JESUS ET DE MARIE ; ST VINCENT FERRIER PVRETE DE JESUS ET DE MARIE ; 5. ST HYACINTHE OBEISSANCE DE JESUS ET DE MARIE ; . 6. ST RAYMOND RESIGNATION DE JESUS . ; 7 . ST LOUYS BERTRAND PATIANCE DE JESUS ; 8 . ST PIE PAPE AMOUR DU MÉPRIS ; 9 . ST ALBERT LEGRD ET ST ANTHONIN FORCE DESPRIT ; 10 . LES DEUS ST JACQUES DILECTION DES ENNEMIS ; . 11 . ST GONZALE D’AMARANTE FOY . ; . 12 . ST ANBROISE DE SIENE ESPÉRANCE ; . 13 . STE CATHERINE DE SIENE ZELE . ; STE AGNES DE MONTPOLITIEN 14 DEVOTION A MARIE ; 15. MR LES DEUZ B. MARGUERITES PERSEVERANCE
3. Sur la bordure des médaillons extérieurs, en partant du bas et en remontant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre
ROSAIRE PAR LA PRÉDICATION DEST DOMINIQUE LA CONVERSION DES TOULOUSAINS ; 2 M . SUR LA FECONDITÉ DE LA ROYNE BLANCHE ; 3 . M. VNE CONTESSE FEUT GUERIE DE 3 COUPS MORTELS ; 4 M . VN POSSEDE FEUT DELIVRE PAR LA VERTU DU ST ROSAIRE ; 5 M . DE LA BATAILLE DE MURET EN 1215 ; . 6 . M . VNNE FILLIE FEUT DELIVREE DU NAUFRAGE PAR LA VERTU DU ST ROSAIRE ; . 7 . M . PRINCE COUSIN DE ST DOMINIQUE CONVERTI PAR LE ST ROSAIRE ; . 8 . M ; 500 VOLEURS OU SORCIERS CONVERTIS PAR ST DOMINIQUE ; . 9. M . VN CAVALIER SE DEFAND CONTRE 12 VOLEURS PAR LA VERTU DU ST ROSAIRE ; . 10 . M . VN PARJURE QUI SE DE FAND DU DIABLE PAR LA VERTU DU ST ROSAIRE ; . 11 . M . BENOISTE FEMME DE BAUCHÉE ET POSSEDÉE EST DELIVRÉE PAR LE ST ROSAIRE ; . 12 . M . DUN IMAGE DU ST ROSAIRE DE SIMPLE PAPIÉR ; 13 M . DUN SOURD ET DUN AVEUGLE ET DUN VLCERE ; . 14 M. LINNOCENCE DE 3 SŒURS EST RECONNUE FAISANT LA COMUNION ; i5. M. LA VICTOIRE DÉ LEPANTE EN i57i
4. En bas, à gauche du rosier
Les Co / nfreres / du Rosai / re doiuent / dire Vn Ro / saire Toutes / les Semmaines / Tout a la fois ou en diu / erses Parties en Mediter / Les Misteres et pratiquer / Les Vertus, Communier / Les premiers Dimanches / des Mois et festes De la Ste / Vierge et Assister a la proce / ssion Pour gaigner les indul / gences Plénieres Sans Obliga / tion Doffance ny Mortelle ny / Venielle Les premiers Confreres / Disoient le Rosaire tous les jours
5. En bas, à droite du rosier
On doit / prandre / Vne heure / pour le Ros/ aire Perpetuel / Pour Participer / a des Millions de Rosai / res qui se diset Nuit et jo / ur, Vne famille le Peut pran / dre Tous ensemble ou L’un / Apres L’autre Vrbain 9 Ti / ra Son heure au Sort Mon / seigneur joseph de montpezat / Archeuesque de cette Ville de / Toulouse a pris Son heure et / a donné 40 jours d’jndulgence / pour chaque heure qu’on Prandra
6. Sur les trois branches du rosier
PERPETUEL / ORDRE / QUOTIDIEN
7. De part et d’autre des trois branches du rosier
Je Diray le Rosaire le du mois de de a du / Je Signé Directeur de la Confrérie / Graué par Simonin.
Image
L’estampe est presque entièrement couverte par la floraison d’un rosier dont la tige principale n’est visible que dans sa subdivision en trois branches dans le bas de l’image et dans son rameau central portant une croix fleurdelisée. La floraison forme une triple couronne ovalisée. La couronne intermédiaire est constituée des quinze médaillons des mystères qui se lisent en image uniquement, en partant du centre en bas et en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. La couronne intérieure associe un saint bienheureux ou bienheureux de l’Ordre et une vertu à chacun des mystères. Quant à la couronne extérieure, elle épanouit en quinze grosses fleurs des représentations de miracles liés à la dévotion du Rosaire. Des légendes circulaires permettent d’identifier ces miracles. Au centre de la floraison, une Vierge à l’Enfant siège dans des nuées, les pieds reposant sur un croissant de lune. La Vierge et l’Enfant sont couronnés. Ils offrent chacun un rosaire. La Vierge tend le sien à un dominicain agenouillé et vu de profil droit. L’Enfant donne de ses deux mains le sien à une sainte dominicaine qui ne le regarde pas puisqu’elle est agenouillée face au spectateur, les bras levés à hauteur d’épaule. Les deux saints, contrairement à ceux des petits médaillons, n’ont aucun attribut mais selon la tradition il convient d’y reconnaître saint Dominique et sainte Catherine de Sienne.
États
Un seul état : France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir, D305 ; Bibliothèque d’Histoire de la Ville de Paris, 1-EST-00238 ; Toulouse, Musée Paul Dupuy, 618 ; Musée du Vieux-Toulouse, 81.1359 a et b ; Archives du couvent Saint-Thomas d’Aquin, sans cote ; coll. personnelle
Bibliographie
1949, MESPLÉ, p. 51, n° 66 ; 1951, MESURET, p. 111, n° 213 ; 1962, SALIES, p. 11, fig. 3 ; 1973, Cinq siècles d’imagerie française, p. 131-132, n° 105 ; 1996, MONTAGNES, p. 213-222, photographie p. 214 ; 1999, LOTHE ; VIROLE, p. 137, n° 201.
Commentaire
Comme le fit remarquer Bernard Montagnes, le seul indice chronologique de l’estampe est la mention de Monseigneur Joseph de Montpezat de Carbon, archevêque de Toulouse de 1675 à 1687. Jean-Baptiste Michel Colbert, ajoute l’auteur, ne prit sa succession qu’en 1693. Le même auteur situe la réalisation du diplôme « pas avant 1687, pas au-delà de 1693. On peut donc le placer sans trop de risque vers 1690 ». L’estampe pourrait, cependant, être l’une des premières œuvres du graveur installé à Toulouse dès 1687.
Les degrés de sainteté attribués aux différents membres de l’Ordre n’ont aucune valeur historique et ne correspondent pas aux dates réelles de canonisation[1]. Ils ne peuvent donc aider à dater le document.
Bernard Montagnes pensait qu’il n’existait pas de suites gravées présentant les miracles du Rosaire. En réalité, de telles suites furent éditées dès le début du XVIIe siècle tant à Anvers dans la famille Galle qu’à Paris chez Thomas de Leu[2]. À notre avis, elles ne semblent pourtant, pas plus que Le Triple Rosaire de Michel Beaujean cité par Bernard Montagnes, expliquer les choix iconographiques du présent diplôme. Comme pour les listes des bienheureux et saints, les catalogues des miracles varient selon les rédacteurs, privilégiant sans justification tel ou tel épisode.
[1] Voir Bernard MONTAGNES, « Un diplôme de la confrérie du Rosaire au Musée Paul-Dupuy de Toulouse », Mémoires de la société archéologique du Midi de la France, 1996, 56, p. 217.
[2] [Vincent HENSBERGH (mort en 1634)], Miracula et Beneficia SS. Rosario Virginis Matris Devotis A Deo Opt. Max. Collata, Antverpiæ, Theodorus Gallæus, 1610. Miracula et Beneficia S S Rosario Virginis Matris Devotis A Deo Opt. Max. Collata, Parisiis, Apud Thomas de Leu, in superâ incarceratorum porticu Palat, 1611. Pour un ouvrage narratif illustré par une page de titre et seize planches, voir, par exemple, Miracles et Benefices arrivees par le S. Rosaire de la bien-heureuse Vierge Marie, s. l., s. n., 1610 (Belgique, Gand, Bibliothèque universitaire – cote : DEPD.B1100).