CAMPANELLA, Thomas/Tommaso (Stilo di Calabria, 5 septembre 1568–21 mai 1639, Paris)
Statut dans l’Ordre : prêtre du Premier Ordre
Biographie
Thomas/Tommaso Campanella naquit en Calabre le 5 septembre 1568, soit très exactement soixante-dix ans avant Louis XIV, ce qui ne fut pas sans conséquence sur la dernière année de sa vie. Fils de Geronimo et Catarinella Martello, il fut baptisé sous le prénom de Giovan Domenico. Il prit le prénom de Thomas, en hommage à Thomas d’Aquin, lors de sa vêture dans l’Ordre des Prêcheurs, au couvent de Placanica, en 1582 et il y adjoignit le surnom de l’un de ses arrière-grands-pères, Campanella (petite cloche), pour signifier sa mission d’alerter le monde de l’imminence eschatologique[1].
En 1591, la publication de son premier ouvrage, Philosophia sensibus demonstrata, dans lequel, pour soutenir son ami Bernardino Telesio, il critiquait Aristote et la relecture aristotélicienne de Thomas d’Aquin, suscita une vive opposition à Naples, notamment parmi les dominicains. Sommé de retourner en Calabre, Tommaso Campanella rejoignit Padoue où il s’inscrivit à l’université.
À la fin de 1593 ou au début de 1594, Tommaso Campanella fut arrêté et jeté en prison sous divers motifs, les uns faux, les autres véridiques, tous liés à son activité intellectuelle. Il fut ensuite transféré à Rome. Soumis à la torture, il fut libéré en 1595 pour être assigné à résidence à Rome, au couvent Sainte-Sabine. Après un deuxième séjour en prison en 1597, Tommaso Campanella fut renvoyé en Calabre. Accusé d’y avoir fomenté une rébellion anti-espagnole, il y fut arrêté le 8 novembre 1599. Plusieurs fois torturé mais sans jamais se renier, préférant simuler la folie pour échapper à la mort, il demeura en prison à Naples jusqu’au 23 mai 1626, soit presque vingt-sept années. Toujours considéré comme prisonnier par le Saint-Office, il fut transféré à Rome le 5 juillet de la même année. En « résidence surveillée », puis à partir de janvier 1629, au sein de son Ordre, Tommaso Campanella s’adonne à la publication avec imprimatur de ses ouvrages, sous une relative protection du pape Urbain VIII et de Niccoló Ridolfi, maître du Sacré Palais, puis maître général de l’Ordre des Prêcheurs.
En 1634, il fut injustement accusé lors du procès du dominicain Tommaso Pignatelli qui avait projeté d’empoisonner à Naples le vice-roi d’Espagne. Décision fut prise d’éloigner Tommaso Campanella de Rome pour le mettre à l’abri. Débarqué à Marseille en octobre 1634, il trouva d’abord refuge à Aix-en-Provence chez Nicolas-Claude Fabri de Peiresc. Tommaso Campanella gagna ensuite Paris où il réussit, dès 1636, à publier une part importante de son œuvre antérieure avec l’approbation de la Sorbonne. Sa notoriété de persécuté et de penseur lui ouvrit les portes des salons et de la cour. Les relations furent souvent complexes faites d’admiration pour l’endurance de l’homme, d’amitié fidèle mais également de critiques prononcées envers sa pensée philosophique et scientifique.
En haut lieu, la pensée politique de Tommaso Campanella fut consultée et plus encore sa science astrologique et divinatoire. Le cardinal Richelieu lui demanda, avec l’accord de la reine Anne d’Autriche, l’horoscope du Dauphin, né le 5 septembre 1638, soixante-dix ans après lui, horoscope qui s’avéra assez juste. En janvier 1639, l’horoscope fut publié puis une Églogue, dernier écrit de Tommaso Campanella[2].
Le 21 mai 1639, Tommaso Campanella mourut au couvent des dominicains du faubourg Saint-Honoré où il fut enterré.
[1] Jean DELUMEAU, Le mystère Campanella, Paris, Fayard, 2008, p. 40.
[2] Pour une historiographie, une bibliographie et une liste des écrits imprimés de Thomas Campanella, voir Jean DELUMEAU, op. cit., p. 7-31. Sur la les relations de Thomas Campanella avec la cour et sur la pratique d’une astrologie politique, voir Hervé DRÉVILLON, Lire et écrire l’avenir. L’astrologie dans la France du Grand Siècle (1610-1715), Seyssel, Champ Vallon, 1996.
Sources imprimées
1639
Gazette, Paris, 1639, p. 284[1].
1644
NAUDÉ (Gabriel, 1600-1653), Panegyricus dictus Urbano VIII. Pont. Max. ob beneficia ab ipso in M. Thom. Campanellam collata., Auth. Gabr. Naudæo Parisino, Parisiis, apud Sebastianum Cramoisy et Gabrielem Cramoisy, viâ Iacobæâ, sub Ciconiis, 1644[2].
[1] Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : Z ROTHSCHILD-11994-9.
[2] Lyon, Bibliothèque municipale – cote : 345460.
Bibliographie biographique
1683
MORÉRI (Louis, 1643-1680), Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane…Troisième Edition, corrigée, & divisée en deux Tomes. Par Mre Lovys Moreri, Prêtre, Docteur en Theologie, A Lyon, Chez Iean Girin & Barthelemy Riviere, ruë Merciere, à la Prudence. Et se vend A Paris, Chez Denis Thierry, ruë S. Iacques, vis-à-vis la ruë du Plastre, 1683[1][première édition : 1674], tome 1, partie 2, p. 742-743.
1721
ÉCHARD (Jacques, 1644-1724) ; QUÉTIF (Jacques, 1618-1698), Scriptores Ordinis Prædicatorum, recensiti notisque historicis et criticis illustrati : ad annum 1700, Lutetiæ Parisiorum, Apud J.-B.-Christophorum Ballard ; Nicolaum Simart, 1721, Tomus secundus, p. 505-521[2].
1739
TOURON (Antoine, 1686-1775), La vie de saint Dominique de Guzman fondateur de l’Ordre des Prêcheurs avec l’Histoire abrégée de ses premiers disciples, Paris, Gissey ; Bordelet ; Savoye ; Henry ; Durand, 1739, p. 225-241[3].
[1] Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : G-1043 à 1046.
[2] Toulouse, Bibliothèque du couvent des dominicains – cote : 730 F – 1 SCR (1-2) ; Bibliothèque d’étude et du patrimoine, Toulouse – cote : Fa A 2479 (1-2).
[3] Toulouse, Bibliothèque du couvent des dominicains – cote : 751 C DOM Tou.
Portraits et autres figurations gravées antérieurs à 1720
1639-1640
MONCORNET Balthasar (1598-1668), graveur (?) et éditeur, R. P. Thomas Campanella, s. d. [1639-1640]. Burin, c. de pl. : 16 x 12 cm. France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir, B732.
Avant 1672
LARMESSIN Nicolas I (1632-1694) ou/et LARMESSIN Nicolas II de (vers 1645-1725), graveur, Thomas Campanella, s. d. [avant 1672]. Burin, c. de pl. : 18,9 x 13,9 cm. Planche pour Isaac Bullart (1599-1672), Académie des sciences et des arts, Contenant les Vies, & les Eloges Historiques des Hommes Illustres, Qui ont excellé en ces Professions depuis environ quatre Siécles parmy diverses Nations de l’Europe: Avec leurs Pourtraits tirez sur des Originaux au Naturel, & plusieurs Inscriptions funebres, exactement recueïllies de leurs Tombeaux, par Isaac Bullart, Chevalier de l’Ordre de Saint Michel. Tome Second, A Paris, Se vendent chez Loüis Bilaine, Marchand Libraire à la ruë S. Jaques, & au Palais [A Bruxelles, Se vendent chez François Foppens, au Saint Esprit ; A Amsterdam, Se vendent chez les Heritiers de Daniel Elzevier], 1682, p. 125. Toulouse, Bibliothèque municipale d’étude et du patrimoine – cote : Fa B 3045 (2).
Bibliographie iconographique
1903
FLANDRIN (Auguste) ; GUIBERT (Joseph), Inventaire de la collection Lallemant de Betz rédigé par Auguste Flandrin… augmenté d’une table alphabétique et d’une notice par Joseph Guibert, Paris, Impr. de J. Dumoulin, 1903, p. 520, n° 11269.
1964
FIRPO (Luigi), L’iconografia di Tommaso Campanella, Firenze, Sansoni, « Biblioteca degli eruditi e dei bibliofili, 90 », 1964, p. 25-30.
1995
ROHFRITSCH (Edmond), Balthazar Moncornet, graveur, éditeur et marchand d’estampes à Paris au XVIIe siècle ou l’invention du portrait de notoriété de grande diffusion. Thèse dactylographiée de doctorat d’Histoire de l’art et archéologie sous la direction d’Antoine Schnapper, Université Paris IV-Sorbonne (Paris), 1995, vol. 1, p. 106, 109-113, 130 ; vol. 2, Fiche n° 158.
2007
CANONE (Eugenio), « Il volto di Tommaso Campanella. Dipinti e incisione », Germana ERNST ; Caterina FIORANI, Laboratorio Campanella : biografia, contesti, iniziative in corso. Atti del Convegno della Fondazione Camillo Caetani, Roma, 19-20 ottobre 2006, Roma, 2007, L’Erma di Bretschneider, « Publicazioni della Fondazione Camillo Caetani. Studi e documenti d’archivio », p. 241-251.