NICOLAS DE SAINT SATURNIN (PARIS, 1660)
Nicolas de S. Satvrnin
GRAVEUR NON IDENTIFIÉ
1660
Burin
C. de pl. : 17 x 14 cm
Planche pour François DU CHESNE (1616-1693), Histoire de tovs les Cardinavx François de naissance, ov qvi ont esté promevs av cardinalat par l’expresse recommandation de nos Roys, povr les grands services qv’ils ont rendvs a levr Estat, et a levr Covronne : Comprenant sommairement levrs Legations, Ambassades & Voyages par eux faits en diuers Pays & Royaumes, vers les Papes, Empereurs, Roys, Potentats, Republiques, Communautez & Vniuersitez, pour Affaires importantes à l’Eglise vniverselle, & à l’Avgvste Majesté de nos Souuerains. Enrichie de levrs armes et chartes dv thresor de Sa Majesté, Arrests des Parlemens de France, Registres des Chambres des Comptes ; Donations, Fondations, Epitaphes, Testamens, Manuscripts, Anciens Monumens, Chroniques & Chartulaires d’Abbayes, & autres Histoires publiques & particulieres. Par François Dvchesne, fils d’André, Conseiller du Roy en ses Conseils, Historiographe de France, A Paris, Aux despens de l’Autheur, & se vendent chez luy, ruë de la Harpe, vis à vis le College d’Harcourt, 1660, p. 658.
France, Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : FOL-LN4-18 (1).
© Claire Rousseau
Image
Nicolas de Saint-Saturnin (?-1382) est présenté dans un ovale. Le religieux est en buste, de profil, tourné vers la droite. Il est vêtu des habits épiscopaux et porte une mitre sur la tête. Mains jointes pour la prière, il regarde vers le haut. À l’intérieur de l’ovale, les tailles du fond sont croisées, tandis qu’à l’extérieur, elles sont horizontales.
États
Un seul état : France, Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : FOL-LN4-18 (1)
Commentaire
D’après les lignes situées à gauche du portrait le modèle est une peinture de l’église du couvent des dominicains de Clermont en Auvergne, dont le dessin a été fourni par Pierre Paul le Marchand, prieur du couvent, ce qui prouve au moins une participation dominicaine au projet.
Celle-ci s’explique du fait que Nicolas était natif de Saint-Saturnin, près de Clermont. L’itinéraire du religieux est incertain. Il semble avoir été provincial de France avant de devenir Maître du Sacré Palais à Avignon en 1376. Le 13 décembre 1378, il aurait été créé cardinal, avec le titre de Saint-Martin-aux-Monts, par le nouveau pape Clément VII, pape à Avignon, qu’il reconnut pour seul pape.
Il mourut le 23 janvier 1382 à Avignon.
La préface de l’auteur mérite d’être amplement citée tant pour les questions de frais d’exécution des planches qu’il aurait souhaité voir être partagés avec les Ordres ayant compté des cardinaux que pour la collecte des modèles des portraits à graver, parfois remplacés par les armoiries.
« I’avois cy-deuant fait publier dés l’année mil six cents cinquante-trois, le dessein de cét Ouurage, pour inuiter les Doctes à me secourir de leurs curieuses recherches, & pour exciter les interessez à contribuer aux fraiz des Planches qu’il a fallu faire grauer : parce que m’estant trouué necessité par le seul amour que j’ay pour ma Patrie de le faire imprimer à mes propres cousts & dépe[n]s, il me sembloit que le moins que pouuoie[n]t faire ceux, sur la Famille desquels l’éclat de la Pourpre Romaine a reflechy quelquefois, estoit de fournir à la despense des Portraits ou des Armes des Cardinaux sortis de leur Maison : mais ie puis rendre ce tesmoignage à la verité, que les Doctes que ie ne nommeray point icy, leur ayant rendu dans les Preuues & dans les Eloges, vne partie de la reconnoissance que ie dois à leurs soings, & à la communication fauorable qu’ils m’ont donnée de leurs Memoires & de leurs Ecrits, n’ont point épargné leurs Estudes & leurs veilles pour me secourir en mes laborieux trauaux : & que les interessez au contraire ont tellement negligé, pour ne pas dire mesprisé ce qui regarde l’honneur & la gloire de leurs Ancestres, qu’à l’exception d’vn seul, (de qui la vertu & la modestie m’ont imposé silence) bien loing de recuoir la juste gratification que j’attendois d’eux, ont refusé mesme les memoires qui m’estoie[n]t necessaires pour dresser la vie des Prelats de leur sang ; ce qui a non seulement causé le retardement de la publication de cette Histoire, qui doit contenir quatre Volumes, mais aussi forcé mon intention de n’en produire que deux au iour pour cette fois, dans l’impuissance où ie me suis trouué de pouuoir satisfaire à toutes les choses qu’il faut pour l’entiere impression d’vn si grand & ample sujet.
« Si donc à l’aduenir ie suis plus fauorablement traité, c’est à dire, si l’on me donne le reste des materiaux necessaires pour acheuer cet Oeuure, & si ceux qui y doiuent prendre la meilleure & la plus grande part, se peuuevnt picquer de quelque generosité, ie proteste que dés le moment que ie seray assisté de leur costé, & qu’ils auront fait ce que j’attends de leur liberalité & de leur courage, la Presse roulera sans cesse pour la suite qui est desia bien aduancée, & dont i’ay disposé les Preuues en telle sorte, que le tout pourra estre au public dans peu de temps.
« Cependant, le Lecteur se tiendra, s’il luy plaist, pour aduerty, que la plus grande passion que i’aye eu dans cette entreprise, a esté de pouuoir recouurer de suite & sans interruption, les crayons de tous les Cardinaux, dont les Actions sont descrites en cette Histoire, soit qu’ils ayent esté peints au naturel pendant leur viuant, soit que l’on ait éleué quelques statuës sur vn pied d’estail à leur honneur, ou quelques superbes Monumens à leur gloire, ou qu’ils ayent esté simplement graués sur leurs tombes après leur mort, ou erigés sur quelques beaux Mausolées, soit en marbre, en cuivre, ou en bronze, ou representez dans les vitres des Eglises où ils ont fait du bien, ou possedé des Benefices, ou conserués dans les Galeries des Princes & des Roys, sous lesquels ils ont dignement seruy, ou dans les Cabinets des Curieux, qui font vne recherche exacte de portraits ; et de n’espargner pour cét effet, ny la correspondance que i’ay pû auoir auec vn nombre considerable des plus Doctes de l’Europe, ny l’argent qu’il a fallu pour en faire la dépense depuis vingt ans entiers que ie les amasse.
« Mais comme nous remontons jusques au temps que l’on n’estoit encore guere soigneux de laisser à la posterité des marques de l’estime que l’on doit auoir pour les grands Hommes, quelque recherche que i’aye pû faire par le secours de ceux que i’aye employé dans la France, & mesme dans Rome, & dans plusieurs autres endroits d’Italie, dans Auignon, dans le Liege, dans l’Allemagne, dans l’Espagne & dans l’Angleterre, où la pluspart de ces Princes de l’Eglise ont receu les honneurs de la sepulture, il m’a esté imposible de tout rencontrer. C’est pourquoy i’ay crû que ie deuois mettre les Armes de ceux dont les Figures me manquent, au frontispice de leurs vies, afin que l’Ouurage en soit mieux orné, & que le Lecteur n’y trouue point de vuide : & si Dieu me fait la grace d’en acheuer la seco[n]de Patrie, ie puis assurer qu’elle sera enrichie de beaucoup plus de Portraits que la premiere, à cause que dans les trois derniers Siecles qui la forment, & qui la composent, l’on a commencé d’auoir plus de soing que les Anciens n’auoient eu pour la memoire des hauts faits de leurs Ayeuls, & pour la conseruation de leurs viuantes Images. »
Parmi les neuf cardinaux membres de l’Ordre des Prêcheurs, six purent être portraiturés : Guillaume-Pierre Godin, Hugues de Saint-Cher, Nicolas Caignet de Fréauville, Hugues Aycelin de Billon, Nicolas de Saint-Saturnin et Pierre de Tarentaise [voir les portraits à leurs noms.