Images de dévotion flamandes

Le présent catalogue des images de dévotion flamandes, essentiellement anversoises, a été constitué à partir de trois collections diversement complétées.

La première, collection Haerynck-Verpoort, est une collection privée patiemment constituée durant une quarantaine d’années. En son sein sont conservées plusieurs milliers d’images, pour la plupart enluminées, et environ 3 500 images des XVIIe et XVIIIe siècles réutilisées dès 1719 comme visuels d’images mortuaires. Les images enluminées sont classées premièrement en fonction du support d’impression, vélin ou papier, puis par graveur. Les images mortuaires suivent l’ordre chronologique des décès.
Que soient ici remerciés les propriétaires pour leur généreuse mise à disposition de leur collection pour l’étude.

Le deuxième ensemble est constitué par le fonds des estampes des jésuites de Chantilly aujourd’hui conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon-Part-Dieu. Les estampes ont été collées en tous sens sur des planches cartonnées de récupération. Mal coupées, écornées, sales, les images forment des patchworks rassemblant parfois plusieurs saints de même prénom sur un seul carton. Il faut aussi ajouter que les grandes estampes, non étudiées dans cette section, ont été coupées en plusieurs parties lorsque leur surface dépassait celle des cartons. Il faut alors jouer au puzzle pour tenter de voir l’estampe en son entier. Les planches sont rangées par ordre alphabétique des saints dans des boites de conservation. L’inventaire n’a été que partiellement réalisé par des stagiaires. Il n’y a ni cote, ni recensement pièce à pièce.

La troisième collection est celle de la Ruusbroecgenootschap de l’Université d’Anvers qui compte environ 40 000 images de dévotion antérieures à 1850. Les estampes figurant les saints sont classées par groupes, notamment d’appartenance à des Ordres religieux. Les images dévolues à des dévotions particulières peuvent être classées selon la dévotion, ou selon les lieux connus où cette dévotion avait cours, ou encore aux noms des saints associés à la dévotion. Ainsi les images du Rosaire sont-elles réparties en différents classements. Il n’y a pas de cote par image.

À ces trois ensembles s’ajoutent des images provenant de plusieurs institutions de France (Bibliothèque nationale de France), de Belgique (Bibliothèque royale Albert Ier de Bruxelles, Bibliothèque universitaire de Gand, Museum Plantin Moretus d’Anvers) et des Pays-Bas (Museum Catharijneconvent d’Utrecht, etc.). Des collectionneurs et marchands ont généreusement mis à disposition des clichés de leurs biens et les informations afférentes. Leur désir de taire le lieu de conservation ou leur nom a été respecté quand ils l’ont demandé.

Quelques cuivres et un bois gravé sont présentés. Les tirages issus des matrices de la Bibliothèque royale Albert Ier de Bruxelles sont des impressions contemporaines et leurs cotes se distinguent par la présence de la lettre A.

Le catalogue a mélangé collections, supports et graveurs.

Images enluminées ou simplement tirées en encre noire sont présentées par ordre alphabétique des personnages, puis par typologie des représentations et, enfin, autant qu’il en était possible par ordre chronologique de création ou/et d’édition.

Pour chaque type de visuel les exemplaires sont donnés dans l’ordre suivant, s’ils ont été trouvés :

– la matrice (numéro en gras) ;
– un tirage en noir et blanc sur parchemin (numéro en gras suivi de la lettre a) ;
– un tirage en noir et blanc sur papier (numéro en gras suivi de la lettre b) ;
– un tirage enluminé et habillé (numéro en gras suivi de la lettre c) ;
– un tirage enluminé sur parchemin (numéro en gras suivi de la lettre d) ;
– un tirage enluminé sur papier (numéro en gras suivi de la lettre e).

Cette présentation cherche à montrer les différentes déclinaisons d’un même visuel. Un seul numéro est utilisé par visuel, à condition que les graveurs et éditeurs soient reconnus comme identiques. De ce fait demeure l’ambiguïté des planches rachetées et portant des noms de substitution. Même des examens minutieux n’ont pas toujours permis de différencier des remplois, avec correction au burin des anciennes matrices, de nouvelles copies.

Les dates indiquées – sauf cas particuliers – s’entendent pour la création du modèle. Il ne s’agit donc pas de la date d’impression.

Les visuels utilisés, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle, comme recto d’images mortuaires sont signalés par un astérisque. En note de bas de page a été reportée la fourchette chronologique d’utilisation telle qu’elle a été observée et non telle qu’elle a existé. Cet ajout n’est pas systématique, d’une part, en raison parfois de l’absence de date, d’autre part, parce qu’un certain nombre d’images étaient encollées sur leur support de conservation. C’est alors par transparence que l’usage a été repéré.

Quelques planches collectives ou aux sujets mal identifiés terminent cette galerie de portraits et de scènes.

À la suite des personnages sont montrées les images des confréries du Rosaire, de Saint Dominique de Soriano, du Saint Nom de Jésus.

Pour les modèles dont le verso était lisible, le lecteur trouvera, en fin de ce premier répertoire, les images utilisées dans des circonstances particulières (première communion, prix scolaire, anniversaire, etc.).

L’échantillonnage compte un peu plus 450 modèles (avec 17 matrices) pour un plus grand nombre d’exemplaires présentés (davantage ont été examinés ; pour un même modèle sur support identique, un seul lieu de conservation est indiqué de façon à alléger ce catalogue). Cependant, ce chiffre est réellement trop bas pour en tirer des conclusions de proportions. Le rapport image sur vélin/image sur papier est mal reflété, la collection Haerynck-Verpoort privilégiant le support de parchemin.

S’il va de soi que la confrérie du Rosaire a suscité le plus de créations, souvent stéréotypées, il est impossible de dire quel saint fut le plus populaire parmi Catherine de Sienne, Dominique, Hyacinthe, Louis Bertrand et Rose, les deux derniers étant canonisés en 1671.

Une liste des graveurs, enlumineurs ou/et des éditeurs a été établie et placée en tête du catalogue. Ces artistes et artisans ont œuvré pour tous les Ordres. Parfois ils éditaient des séries d’images sans commande particulière, mais en étant certains d’un débouché commercial. C’est pourquoi cette liste ne peut en aucun cas refléter les rapports de l’Ordre des Prêcheurs avec le milieu des imagiers. En outre 112 images, soit plus d’un quart, ne portent pas ou plus trace de leur créateur ou éditeur.

Les bornes chronologiques retenues pour l’étude ont été dépassées du côté du XVIIIe siècle pour observer la permanence des modèles dans la production anversoise alors même que les centres allemands d’Augsbourg et de Nuremberg ont radicalement renouvelé le genre, l’inscrivant dans un style rocaille et proposant des associations parfois inédites entre scènes et textes des phylactères[1].

À la suite de ce premier répertoire ont été ajoutés des suffragia qui se distinguent des sanctjes (images des saints) et des images de confrérie. Pour favoriser la vénération, l’invocation et l’imitation des saints, les images sont subdivisées en une partie illustrative et l’autre textuelle. Le verso est également imprimé. Il s’agit de rappeler les principaux évènements de la vie du saint, d’exalter les vertus qu’il a pratiquées et que le dévot doit s’efforcer d’imiter, et de proposer des invocations. Une seule série complète, datée et attribuée, imprimée d’une part en flamand et d’autre part en latin, a pu être observée. Quelques fragments d’autres séries ont été également collectés.

[1] Il suffit d’observer la série gravée par les frères Klauber présentant les saints dominicains selon le calendrier liturgique pour s’en rendre compte. Voir la série à Paris à la bibliothèque du Saulchoir, une incomplète à Toulouse (collection personnelle). Une première étude a été conduite par Peter Stoll mais sur une série lacunaire, celle de la bibliothèque de l’Université d’Augsburg, insérée dans un ouvrage sur les saints et bienheureux de l’Ordre en date de 1769. Peter Stoll, « Die Dominikanerserie der Brüder Klauber als Buchillustration », Augsburg, Publications en ligne de la Bibliothèque universitaire d’Augsburg, 7 mai 2012. Voir aussi Claire Rousseau, « Les estampes des frères Klauber à thèmes dominicains », Le Vieux Papier, 2017, 423, p. 197-204 ; 424, p. 250-258.