Pierre de Vérone

PIERRE DE VÉRONE, DIT PIERRE MARTYR

ROSINI, Pierre (Vérone, vers 1200–6 avril 1252, entre Côme et Milan)
Autres noms : Pierre de Vérone, Pierre Martyr
Statut dans l’Ordre : prêtre du Premier Ordre
Statut dans l’Église : martyr
Canonisation : 25 mars 1253 par Innocent IV
Fête liturgique : 29 avril
Attributs iconographiques : sabre dans la tête, épée ou poignard dans la poitrine, palme des martyrs, credo écrit en rouge (sang) au sol, trois couronnes apportées par des ange

Biographie
« D’origine cathare, confesseur de la foi, inquisiteur et martyr, Pierre de Vérone est, au XIIIe siècle, avec saint Dominique et saint Thomas d’Aquin, l’un des trois saints dominicains les plus populaires au sein même de l’Ordre des prêcheurs, mais aussi en Italie du Nord.

Pierre Rosini naît vers 1200 à Vérone dans une famille cathare, au temps où l’hérésie se propage dans une Italie déchirée par le conflit entre le pape, l’empereur et leurs partisans respectifs, les guelfes et les gibelins. Converti à la foi catholique, le jeune Pierre étudie le droit à Bologne et entre au couvent des dominicains de la même ville, en 1221, du vivant de saint Dominique qui, selon la Vita fratrum de Gérard de Frachet, l’aurait accueilli et lui aurait donné l’habit. Il est ordonné prêtre vers 1228 et prêche à Milan avant de rejoindre Côme, puis Florence. De retour à Milan dès 1246, il se voit confier des ‘missions pacificatrices’ qui consistent à réconcilier entre eux les partisans de l’empereur et du pape.

Remarqué pour son Traité contre les hérétiques, écrit à Côme en 1236, et pour sa prédication contre les Cathares, le pape Innocent IV le nomme, le 8 juin 1251, inquisiteur pour Milan, Côme et les territoires limitrophes. S’il ne reste aucune trace de sa participation à un procès ou à une sentence inquisitoriale, son activité est néanmoins attestée dans un sermon qu’il prêche le dimanche des Rameaux 1252. Ferme et véhément, mais non moins humain, il détermine à l’intention des personnes soupçonnées d’hérésie un délai de temps au cours duquel elles doivent faire acte explicite de soumission à l’Église. C’est peu de jours après cette prédication que Pierre est attaqué et assassiné par des Cathares, sur la route de Côme à Milan, le 6 avril 1252. Frappé d’un coup de serpe sur le crâne, il est achevé d’un coup de poignard par Manfredo Clitoro de Giussano. Contre toute attente, Pierre de Balsamo dit Carino, complice du meurtrier, demande à entrer comme frère convers au couvent des dominicains de Forli où, après avoir prononcé un acte de repentance, il mène une vie de pénitence jusqu’à sa mort en 1293. A peine enterré, le ‘pétricide’ devient l’objet d’une vénération des fidèles de Forli qui, suivis par les dominicains eux-mêmes, le considèrent comme bienheureux.

Au XIIIe siècle, Pierre de Vérone est pieusement vénéré à l’église San Eustorgio de Milan, et représente une figure de sainteté qui, auréolée par son martyre et la conversion d’un de ses meurtriers, offre aux frères dominicains une manière de s’affirmer face à l’autorité charismatique des franciscains ; et ce, à tel point que bien plus tard dans une œuvre de Fra Angelico, le martyre de Pierre de Vérone est envisagé à l’aune de la stigmatisation de saint François ! Le 31 août 1252, une délégation de frères prêcheurs et de Milanais demande donc au pape Innocent IV d’introduire le procès en canonisation du martyr dominicain. Après un procès rapide, le pape Innocent IV canonise Pierre de Vérone, devenu saint Pierre Martyr, le 24 mars 1253, onze mois à peine après sa mort.

Selon la Légende dorée du dominicain et évêque Jacques de Voragine (1230-1298), lors de son assassinat, ‘le saint ne poussait aucune plainte, aucun murmure ; il souffrait tout avec patience, recommandant son esprit au Seigneur en disant : In manus tuas… ‘Seigneur dans vos mains, je remets mon esprit’. Il commença encore à réciter le symbole de la foi, dont il avait été le héraut jusque-là, ainsi que l’ont rapporté par la suite, et le malheureux qui fut pris par les fidèles, et un frère dominicain son compagnon, qui survécut quelques jours aux coups dont il avait été frappé lui-même’. C’est pour cette raison que, conformément à ce récit hagiographique, dans l’iconographie dominicaine et notamment dans l’œuvre peinte de Fra Angelico, Pierre de Vérone est représenté poignardé, le crâne fendu, écrivant Credo in unum Deum sur le sol avec son propre sang[1].. »

[1] Rémy CASIN ; Rémy VALLÉJO, Dominicains 1216-1516. Lumières médiévales de la prédication aux cathares à la défense des indiens, Paris ; Strasbourg, Le Cerf ; Éd. du Centre Emmanuel Mounier, 2016, p. 44.

Bibliographie biographique
1675
Godefroid HENSCHEN (1601-1680) ; Daniel Van PAPENBROECK (1628-1714), Acta Sanctorvm Aprilis collecta, digesta, illustrata, a Godefrido Henschenio et Daniele Papebrochio e Societate Iesu. Tomvs III quo ultimi IX dies continentur. Præmittentur Exegesis Præliminaris Diatribam de tribus Dagobertis olim æditum innovans et stubiliens. Subiunguntur Acta Græca ad eosdem dies pertinentia, Antverpiæ, Apvd Michaelem Cnobarvm, 1675, p. 678-719.
France, Toulouse, Bibliothèque municipale – cote : Fa A 136 (11).

Portraits et autres figurations gravées antérieurs à 1720
Avant 1634
JODE Pieter I de (1573-1634), graveur et éditeur, S. Petrvs Martyr, s. d. [avant 1634]. Burin, feuille : 27,7 x 17,7 cm. France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Rd2 Fol. (Pierre de Vérone, saint), H 180597.
1637
GALLE Cornelis I (1576-1650) ou GALLE Cornelis II (1615-1678), graveur ; d’après SALLAERT Antoine (vers 1580/1585-1650), dessinateur, [Saint Pierre de Vérone], 1637. Burin, feuille : 49 x 34 cm. France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Ec 67a Fol., R139955-235.
Avant 1649
MATHIEU Jean (vers 1590-vers 1672), graveur ; MESSAGER Jean (vers 1580-1649), éditeur, D. Petrvs Veronensis, s. d. [avant 1649]. Burin, feuille : 10,6 x 7,1 cm. France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Rd2 Fol. (Pierre de Vérone, saint), H 180595.
S. d. [première moitié du XVIIe siècle]
GRAVEUR NON IDENTIFIÉ, S. Petrvs Martyr, s. d. [première moitié du XVIIe siècle]. Burin, feuille : 27,3 x 18 cm. France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Rd2 Fol. (Pierre de Vérone, saint), H 180596.
1656-1659
VAN LISEBETTEN Pieter (1630-1678), graveur ; d’après FETTI Domenico (1589-1623), peintre ; d’après TENIERS David II (1610-1690), peintre ; TENIERS David II (1610-1690), éditeur, Le Mariage Mystique de Catherine d’Alexandrie, vers 1656-1659. Eau-forte et burin, c. de pl. : 30,5 x 21 cm. Planche pour Davidis Teniers Antverpiensis, Pictoris, et a cvbicvlis Sermis Princibvs Leopoldo Gvil. Archidvci, et Ioanni Avstriaco Theatrvm Pictorivm. In quo exhibentur ipsius manu delineata, eiusque curâ in æs incisæ Picturæ Archetipæ Italicæ, quas ipse Sermus Archidux in Pinacothecam suam Bruxellis collegit. Eidem Sermo Principi Leopoldo Gvil. Archidvci, &. ab avctore dedicatvm, Brvxellæ, Svmptibvs avctoris, Anno M. DC. LX., Antuerpiæ, Exstant apud Henricum Aertssens, Typographum. France, Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : AC-3 (A)-PET FOL. Ici, Pays-Bas, Haarlem, Teylers Museum, KG 05652.
1682
LEFEBVRE Valentin (1637-1677), graveur ; d’après VECELLIO Tiziano (dit TITIEN, vers 1488-1576), inventeur ; Jacob VAN CAMPEN (?-?), éditeur, [Le Martyre de saint Pierre de Vérone par Le Titien], s. d. [1682]. Eau-forte, feuille : 55 x 34 cm. Pays-Bas, Amsterdam, Rijksmuseum, RP-P-H-H-1181.
1691
COCHIN Noël Robert (1622-1695 ?), dessinateur et graveur ; d’après VECELLIO Tiziano (dit TITIEN, vers 1488-1576), inventeur, S. Petrvs Martyr, s. d. [1691]. Eau-forte et burin, c. de pl. : 29,4 x 18,4 cm. Planche pour Charlotte-Catherine PATIN (1672?-1744), Tabellæ selectæ ac explicatæ a Carola Catharina Patina. Parisana Academica, Patavii, Ex Typographia Seminarii, 1691, p. 139. France, Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : V2665.

Bibliographie iconographique
ALCE (Venturino), Iconografia di S. Pietro da Verona martire domenicano [tiré à part de Memorie Domenicane, 2-3], Fireznze, S. n., 1953.
GALEANI NAPIONE (Gian Francesco), Del quadro di Tiziano rappresentante S. Pietro martire Lettera di Pier-Alessandro Paravia a S.E. il sig. conte Gianfrancesco Galeani Napione di Cocconato, Venezia, nella Tipografia Picotti edit., 1825.
LUCÍA GÓMEZ-CHACÓN (Diana), « San Pedro Mártir de Verona », Revista Digital de Iconografia Medieval, 2014, 11, p. 79-96.