LA MILICE ANGÉLIQUE (ANVERS, APRÈS LE 7 MARS 1649)
Leges Militiæ Angelicæ
Richard COLLIN (1626-vers 1697), graveur
D’après Erasmus II QUELLINUS (1607-1678), dessinateur
S. d. [après le 7 mars 1649]
Burin
Feuille : 42,8 x 29 cm
Pays-Bas, Amsterdam, Rijksmuseum,
RP-P-OB-81.600.
© Rijksmuseum
Lettre
1. Dans un cartouche au centre de l’image au-dessus des trois dominicains
LEGES MILITIÆ ANGELICÆ.
2. Sous l’emplacement principal, sur le drapé tenu par les anges, en deux colonnes comportant chacune trois articles
Prima. / Omnes sub cælesti Doctoris Angelici Cingulo / militaturi, in libro, apud PP. Prædicatores præparato, / sua Nomina inscribi procurent : vt Indulgentiarum / et Orationum participes reddantur. / Secunda. / Ipso admissionis suæ Die, salutari confessione / peccata expiabunt, sacrâ Synaxi animam reficient ; et corporis, mentisque Castimoniam (prout status / ratio exiget) sempêr se conseruaturos proponent. / Tertia. / Cingulum huius Militiæ, ex Filo niueo confectum / et Quindecim Nodulis interpunctum, post: / quàm à R.P. Directore fuerit benedictum, / palàm, vel occulte, circà corporis lumbos / continuò gestabunt. / Quarta. / Quotidie in honorem Diui Thomæ, pro suâ, omniumquè / in eâ militantium castitate, et extirpatione Vitiorum / carnis ; ad quindecim Cinguli nodulos, Toties Angelica / Salutationem, AVE MARIA etc. devotâ mente persoluent. / Quinta. / Carnales Demonis suggestiones, atque / impuras mentis cogitationes, (inuocatis IESV, et / MARIÆ nominibus, nec non Diui Thomæ auxilio) / forti quantocÿùs animo reprimere studebunt. / Sexta. / Verba obscæna nunquàm proferent, Picturas / inhonestas suis domibus proscribent, / lasciuis Comædiis non intererunt : et à / spurcis Libris, Saltationibus, ac Cantilenis / sedulò abstinebunt.
3. À gauche de l’emplacement principal en deux rectangles distincts
Texte a : Septima. / Quodcumquè illicitum / blandientis carnis Opus, / perpetrare diligenter / cauebunt ; et in Angelicâ / Virtute Castitatis, con- / tinuò sese exercebunt. / omnes fædæ libidinis / Occasiones euitando.
Texte b : Octaua. / Ad hoc semper incumbent, / ne in suâ præsentiâ, ab / aliis Scurrilia loqui, cantari, legi, aut sieri patientèr / sustineant. Et si Aliquos, / carnali vitio inquinatos / cognoverint ; blande eos ad / Castitatem exhortabuntur.
4. À droite de l’emplacement principal
Texte a : Nona. / Diem vigesimum octavum / Ianuarii, Translationi Corporis / D. Thomæ, nec non Septimum / Martii, illi dedicatos, cele: / brabunt ; vel confitendo, et / communicando ; aut sacris / orationibus, suam, aliorum: / què Commilitonum castita / tem, deo commendando.
Texte b : Decima. / Iusto, ac debito honore, / et Veneratione D. Thomam / tanquàm eximium suæ / Castitatis Tutelarem, / sempèr prosequentur : / eiusdemquè Militiam / Angelicam, apud Alios / propagare studebunt.
5. Sous l’image dans un cartouche
SAPIENTISSIMUS, ATQUÈ EXIMIIS DOMINIS ; DECANO, ET PROFESSORIBVS, SACRÆ FACVLTATIS THEOLOGICÆ ; / TOTO ORBE CELEBRERRIMÆ ACADEMIÆ LOVANIENSIS. / Eximii Viri:Dum [m avec un accent grave] Anno 1649, Die 7 Martii à R.P.F. Francisco Deurwerders, Antverpiensi, Philosophiæ Professore, in Ecclesiâ / nostrâ, institueretur MILITIA ANGELICA D. THOMÆ AQUINATIS ; sub zonâ Castitatis, quæ à binis Angelis ei cælitus allata, Vercellis in Pedemontio veneratur ; / eminuit vetus vester in Angelicum Doctorem Affectus. Illius namquè (quam poste à SS.D.N. INNOCENTIUS X pont. Max. approbauit, variisque Indulgentiis / exornauit) Perpętui Tutelares esse voluistis : et Ex. D. DECANUM pro tempore, PROTECTOREM statistis. Insupèr D. Decano Baccalaureorum pro tempore, / PRÆFECTVRAM demandastis ; et vnà, vt quotannis Festo Translationis D. Thomaæ, ad euis Aram, solemne Sacrum cantaret ; sicut Nonis Martii, à multis retrò / annis fieri solet. Denique S. Theologiæ Baccalaureis, et Studiosis iniunxistis ; vt vtroquè Festo, interessent Missis cantandis, nec non / Processioni, et Panegyrico D. Thomæ. Hinc factum est, vt iam Vobiscum Aliquot Millia vtriusquè sexus Hominum, Thomæ o Cingulo præcinc: / tis Lumbis, Vitia Carnis feliciter oppugnent. Quarè non potui, quin in debitæ gratitudinis Symbolum, hanc Tabellam Pietatis vestræ Aris / assigerem. Lubenter, quæso, eam admittite ; et sic agite, vt sacri huius Belli Classicum semper sonet. / Exim. Vest. Dominationum obsequentissimus Cliens, Fr. Ambrosius Nachtegael, ord. Præd. eiusd. Milit. Director. / [à gauche] E. Quellinus delineavit ; [à droite] Richard Collin sculpsit.
6. Sur la tranche du bord supérieur de l’architecture, en deux parties
SINT LVMBI VESTRI PRÆCINCTI. Luc. 12. cap.
7. Sur la tranche du bord inférieur de l’architecture
ORIGO MILITIÆ ANGELICÆ, DIVI THOMÆ AQUINATIS ; SVB CÆLESTI EIUS CINGVLO CASTITATIS, INSTITUÆ.
8. Sous le médaillon de gauche
B. COLVMBA / TROCASANI, ORD. PRÆD. / à D. THOMÂ, Cingùlo / Castitatis Præcingitùr.
9. Sous le médaillon de droite
B. STEPHANA / SONCINAS, ORD. PRÆD. / aùxilio D. THOMÆ / Lumbos sibi strin: / gi sentit.
Image
L’estampe est structurée dans la hauteur en quatre niveaux.
Le niveau supérieur met en scène, dans une forte architecture, trois récits. Au centre, dans une pièce au mur orné d’une croix tracée au feu, deux anges ceignent saint Thomas d’Aquin d’une ceinture à quinze nœuds. Derrière les pieds de l’ange de gauche brûle encore le tison avec lequel saint Thomas chassa une prostituée que l’on voit de dos, en train de s’enfuir. La scène est encadrée de deux médaillons. Celui de gauche présente Colombe Roncasani recevant le cordon des mains de saint Thomas lui-même. Celui de droite montre Stéphanie Quinzani couchée sur des épines et invoquant saint Thomas pour être délivrée de la tentation.
Le deuxième niveau est celui du règlement de la Milice angélique, règlement de dix articles dont six sont écrits sur un drap tenu par deux angelots, tandis que deux autres tentent de fixer la draperie au mur. Les quatre derniers articles sont répartis par deux, de chaque côté du drap, gravés dans des rectangles saillant de l’architecture.
Le troisième niveau est celui de la Milice. Trois frères dominicains accueillent les candidats, hommes et femmes, auxquels s’adjoignent des enfants encore jeunes. Les frères se tiennent derrière une table chargée de cordons que le religieux du centre distribue. À sa gauche, un dominicain tient une plume, prêt à enregistrer les noms des nouveaux membres. Huit hommes et cinq femmes adultes dont les tenues vestimentaires sont détaillées se présentent aux frères. L’un d’eux, dans la partie gauche de l’image, a déjà noué par-dessus ses habits le cordon de saint Thomas.
Le bas de l’image est occupé par le cartouche dédicatoire entouré de putti. En son centre se superposent des armoiries.
Armoiries
Les armoiries, de gueules à la fasce d’argent, présentées dans le bas de l’estampe, sont celles de la Faculté de théologie de Louvain. Elles sont surmontées d’une Bible ouverte sur un BIBLIA SACRA, l’ensemble tenu par la colombe de l’Esprit Saint.
États
Premier état : Manquent deux lignes du septième article du règlement et la citation biblique de la corniche supérieure. France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir, sans cote,
Second état, celui décrit : Belgique, Bruxelles, Bibiothèque royale de Belgique, F 36599 ; Pays-Bas, Amsterdam, Rijksmuseum, RP-P-OB-81.600 ; Royaume-Uni, Londres, British Museum, 1858,0417.1291
Bibliographie
2009, CAMBOURNAC, p. 41-42 ; p. 176-178, fig. 52-54
Commentaire
L’origine de la confrérie intitulée Milice angélique a été détaillée au XIXe siècle par Thomas Halflants qui reprit pour cela le témoignage du fondateur, le dominicain anversois François Deurwerders[1]. Lors d’un pèlerinage à Soriano en 1644, François Deurweders contempla à Verceil le cordon dont saint Thomas fut ceint par les anges pour le protéger de tout désir sexuel et le garder dans la chasteté. Le père collecta des attestations écrites sur la qualité matérielle exceptionnelle de cette relique en lin tressé et noué (quinze nœuds), d’environ 1,46 m pour seulement 5,53 g[2]. Or, dès 1580, le dominicain Cyprien Uberti avait déjà eu l’idée de faire confectionner des cordons similaires pour répondre à la demande des pèlerins de Verceil. Fort de cette pratique qui avait diffusé dans toute l’Italie des répliques du cordon, le dominicain François Hyacinthe Choquet (vers 1580-1645) d’Anvers s’était mis lui aussi à distribuer dès 1622, à Anvers, les précieuses ceintures. Peu à peu, la coutume avait gagné d’autres villes belges et des indulgences furent accordées à ceux qui, portant le cordon, récitaient tous les jours quinze Ave Maria avec une invocation à saint Thomas dont le texte italien fut transmis et traduit par Hyacinthe Choquet[3]. La pratique restait cependant une dévotion individuelle.
François Deurwerders durant son séjour italien eut l’intuition que des associations de personnes portant le cordon pourraient être profitables à la dévotion et à la persévérance des fidèles. Dès son retour à Louvain, le religieux entreprit d’élaborer un statut pour ces associations et l’aboutissement de ses efforts se lit en une lettre d’approbation de l’archevêque de Malines Jacques Boonen datée du 1er mars 1649. Quatre jours plus tard, le conseil de la faculté de théologie de Louvain décidait :
1. de prendre sous sa sauvegarde la Milice angélique de saint Thomas d’Aquin ;
2. d’établir le doyen de la faculté, pro tempore, protecteur et défenseur de la Milice ;
3. d’instituer le doyen des bacheliers, pro tempore, préfet de la Milice. Il devait en outre célébrer chaque année le 28 janvier une messe en honneur de saint Thomas au couvent des Prêcheurs, messe à laquelle devaient assister les bacheliers et les étudiants ;
4. de rendre obligatoire pour tous les bacheliers et étudiants la messe solennelle du 7 mars en l’honneur de saint Thomas.
Le 7 mars 1649, après la messe solennelle chantée par Liber Fromond, doyen de la faculté de théologie, plusieurs docteurs de la faculté vinrent s’agenouiller devant frère François Deurwerders pour recevoir le cordon et inscrire leur nom dans le livre de la nouvelle confrérie. Le texte du cartouche du bas de l’image récapitule la genèse de l’association, ses principes et son érection, ce 7 mars 1649, à la faculté de théologie de Louvain qui avait déjà choisi le 30 septembre 1637 de se placer sous le patronage de saint Thomas d’Aquin, « protecteur perpétuel ».
Thomas Halflants ajoute qu’« en peu de temps on compta plus de 4 000 membres inscrits[4] ». La même année, une Milice s’implanta à Maastricht. Or, au départ, seuls les hommes pouvaient appartenir à l’association et ce ne fut que trois ans plus tard que les femmes furent admises, ce dont témoigne la présence de plusieurs femmes dans la partie basse de l’image. Est-ce pour prouver que les femmes étaient concernées par la chasteté et les bénéfices du saint cordon que deux médaillons relatant des épisodes de la vie des dominicaines Stéphanie Quinzani et Colombe Roncasani furent ajoutés de part et d’autre de la scène de la vie de saint Thomas ? Les deux dominicaines – parmi d’autres – reçurent du saint leur propre cordon et la délivrance de leurs tentations. La présence des femmes et les médaillons autorisent à dater l’estampe d’au moins 1652, date de l’approbation par Innocent X de l’association en un document qui évoque les « sœurs » de la Milice.
Stéphanie Quinzani (appelée Soncina) et Colombe Roncasani (appelée Trocazani) sont évoquées avec d’autres dominicaines dans l’ouvrage de François Deurwerders paru en 1659 (p. 192-195), soit dix ans après l’érection de la confrérie à Louvain. L’estampe pourrait célébrer cet anniversaire mais elle est sûrement antérieure à l’ouvrage lui-même dont le titre illustré reprend, en une moindre facture, une partie de la scène supérieure de l’estampe [voir page 3].
La date de 1659 pour l’estampe pourrait être corroborée par le fait que le cartouche de l’estampe est signé par le dominicain Ambroise Nachtegael, directeur de la Milice et censeur de l’ouvrage de François Deurwerders en janvier 1659. Le cartouche précise entre autres que l’estampe est dédiée au fondateur de la Milice, François Deurwerders.
Dès lors faut-il imaginer un tirage de l’estampe pour le 7 mars 1659, puis la parution de l’ouvrage dans le courant de la même année, reprenant dans le titre illustré un élément de cette estampe ? Ou bien le modeste titre illustré fournit-il un motif pour l’exécution d’un diplôme élégant en hommage au fondateur de la confrérie ?
Combien d’exemplaires purent être tirés de ce diplôme ? Fut-il offert systématiquement aux confrères de l’inauguration et aux nouveaux inscrits ? Était-il vendu ou donné en échange d’une offrande par les nouveaux membres ?
Le succès de la Milice angélique en d’autres villes n’est guère rapporté par Bernard de Jonghe, l’historien dominicain des couvents belges[5]. Pourtant, la Milice connut un succès certain en Belgique (d’abord à Maastricht puis, par exemple, à Ypres où la confrérie fut confirmée par une bulle d’Alexandre VII, le 21 juillet 1666), en Italie (Venise) et, de l’Espagne (Saragosse, Majorque) jusqu’au Nouveau Monde où des confréries furent érigées au Mexique (couvent Santo Domingo de Mexico) aussi bien qu’en Équateur (à Quito) et au Chili[6]. Ainsi un diplôme de confrérie analogue à celui gravé par Richard Collin est-il conservé à la Biblioteca Patrimonial Recoleta Dominicana de Santiago [voir Oeuvre en rapport]. La dédicace du diplôme flamand a été supprimée et cette diminution de la hauteur a été compensée par l’ajout d’une scène céleste dans la partie supérieure. Le règlement a été traduit en espagnol et la scène du bas a été adaptée pour mieux refléter la société de Santiago. Enfin, la scène de la vie de saint Thomas et les deux médaillons ont été gravés en contrepartie.
[1] Thomas HALFLANTS, « La milice angélique du cordon de S. Thomas à l’Université de Louvain, par le Père Th. Halflants, de l’Ordre de S. Dominique », Louvain, Annuaire de l’Université catholique de Louvain, 1860, p. 282-310. Franciscus DEURWERDERS (1611-1666), Militia Angelica divi Thomæ Aquinatis, Lovanii, Typis Hieronymi Nempæi, 1659 (Espagne, Madrid, Biblioteca de la Universidad Complutense – cote : BH FLL 7861 ; France, Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève – cote : 8 D 3148 (3) Inv. 3418).
[2] Lors de la destruction par les armées napoléoniennes du couvent de Verceil en 1799, le cordon fut transféré dans le couvent de Chieri dans le Piémont où il est encore conservé dans l’église conventuelle. François Deurwerders édite, entre les deux parties de son ouvrage (p. 125) une estampe figurant un schéma de la structure du cordon de saint Thomas, tressé et noué, tel qu’il put le voir. Pour une étude complète de la relique, de sa tradition et de sa transmission, voir Ceslaus PERA, « Il sacro cingolo di S. Tommaso d’Aquino », Sadok Szabó, dir., Xenia thomistica a plurimis orbis catholici viris eruditis praeparata, Rome, Imprimerie du Vatican, 1925, p. 459-515.
[3] Hyacinthe CHOQUET (vers 1580-1645), Mariæ Deiparæ in Ordinum Prædicatorum viscera materna, Antverpiæ, Apud Ioann. Cnobbaert, 1634, p. 559 (France, Lyon, Bibliothèque municipale – cote : SJ A 406/276).
[4] Thomas HALFLANTS, op. cit., p. 305.
[5] Bernard DE JONGHE (?- ?), Belgium dominicanum, sive Historia provinciae Germaniae inferioris Sacri Ordinis FF. Praedicatorum, Bruxellis, typis Francisci Foppens, sub signo Sancti Spiritu, 1719.
[6] Pour Ypres, voir Henri-Marie IWEINS, « Monographie du couvent des Frères-Prêcheurs à Ypres (1267-1797) », Annales de la Société historique, archéologique et littéraire de la ville d’Ypres et de l’ancienne West-Flandres, 1864, 3, p. 116. Pour l’Espagne en général, voir l’ouvrage sur la Milice dédié à Marie-Louise, reine d’Espagne, par le dominicain Giuseppe Maria Zucchi. Giuseppe Maria ZUCCHI, La Militia Angelica, contro i vizii del senso, Sotto il Cesleste Cingolo della Castità del Glorioso Dottore della Chiesa S. Tomaso d’Aquino…, In Napoli, Per Antonio Bulifon, 1681 (Italie, Naples, Biblioteca Fra Landolfo Caracciolo – cote : LCA 106 ; coll. 1600/83). Pour une attestation de la répartition des confréries en diverses parties du monde (« propagossi poi in diuerse parti della Christianità »), à peine vingt ans après la création de la Milice à Louvain, voir Paolo FRIGERIO (?- ?), Vita di S. Tomaso d’Aqvino. Nuouamente raccolta dal processo della sua Canonizatione, dalle Opere del Santo, e da antichi manoscritti, Da Paolo Frigerio Romano, Prete della Congregatione dell’Oratorio, In Roma, Per Egidio Ghezzi, 1668, p. 20, paragraphe 9 (France, Paris, BnF – cote : H-4425).
OEUVRE EN RAPPORT
LEYES DE LA MILICIA ANGÉLICA
GRAVEUR NON IDENTIFIÉ
S. d.
Burin
Dimensions non renseignées
Chili, Santiago, Biblioteca Recoleta Dominica, cote non renseignée.
© Chili, Santiago, Biblioteca Recoleta Dominica[1]
[1] En dépit de courriers envoyés, par voie postale et par voie électronique, et malgré une promesse de réponse, les informations concernant cette estampe ne sont jamais parvenues.
Lettre[1]
1. Dans un cartouche au centre de l’image au-dessus des trois anges
LEYES DE LA MILICIA ANGÉLICA.
2. Sous l’emplacement principal, sur le drapé tenu par les anges, en deux colonnes comportant chacune trois articles
Primera. / Todos los que se determinaren a combatir contra / el monstruo de la carne, debajo del Celestial Cingulo / de la castidad del Angélico Doctor, procurarán hacer / escribir sus nombres en el libro que tendrán destinado / para este fin los Padres del Orden de Predicadores, / porque puedan gozar de las indulgencias y participar del bene / ficio de las oraciones de los Hermanos y Hermanas de esta S. / Milicia. / Segunda. / En el propio dia que fuesen admitidos a esta / Milicia deberán confesarse y recibir el Santisí / mo Sacramento de la Eucaristia, proponiendo de / verdadero corazón conservar en lo restante / de su vida la santa virtud de la castitad, asi del / cuerpo como de la mente, según lo permitiere su estado. / Tercera. /Asíde dia como de nocho traerán el Cingulo de esta / Milicia formado de hilo blanco, el cual tendrá / quince nudos, según se dijo arriba. Y esto después / que le haya Bendito el Padre Director / de dicha Hermandad. / Cuarta. / Cada día tendrán obligación de rezar quince / veces la Salutación Angélica del Ave Maria en / honra del Angélico Doctor Santo Tomás de Aquino, rogan/ do a Dios por la conservación de la castitad de to / dos los que estiviesen alistados en esta Santa Milicia / y por la estirpacíon de los vicios de la carne. / Quinta. / Tendrán especial cuidado de reprimir en los principios / con varonil aliento las sugestiones carnales del enemi /go infernal y de superar los pensamientos impuros / de la mente, invocando con la voca y con el corazón los San / tímos nombres de Jesús y María y recurriendo al / auxilio de su Santo Tutelar con alguna breve oracíon. / Sexta. / No se arrajarán jamás a proferir palabras deshones / tas, hecharán de sus casas las pinturas lascivas, no / intervendrán en comedias profanas, y siempre se absten / drán, con singular advertancia de leer libros escan / dalosos, de oir músicas torpes, y de intervenir a los / bailes, que es la más peligrosa peste de la casti / dad.
3. À gauche de l’emplacement principal en deux rectangles distincts
Texte a : Séptima. / Se guardarán vigilantes de no / contaminar, aún con el más / mínimo pensamiento de / carne pecaminoso, el alma, / y sobre todo pondrán to / do esfuerzo por huir to / das las ocaciones de / mancharse en las obsce / nidades asquerosas, / ejercitándose con repe / tidos actos en la angé / lica virtud de la casti / tad.
Texte b : Octaua. / Estarán continuamente / dispuestos para no permi / tir que otros en su presen / cia, hablen, lean, canten / o hagan cosa alguna / per judicial a la pureza, / y si tuviesen noticia que / algunos se hallan immer / sos en el avominable vicio / de la carne, con toda cari / dad y amor los exorta / rán a vivir castos.
4. À droite de l’emplacement principal
Texte a : Nona. / Especialmente guardarán / las fiestas de la Transla / ción del cuerpo de santo / Tomas, que se celebra a / veintiocho de enero y / la su muerte, que cae a siete / de Marzo, confesándose / y comulgando, o si estuvie / ran impedidos, pidiendo / al Señor conserve su / castidad, y también la / de todos los que se hallan escri / tos en esta Milicia Angélica.
Texte b : Décima. / Reverenciarán siempre / con el debido honor y vene / ración merecida al Angé / lico Doctor Santo Tomás / de Aquino como espe / cial Protector y Tutelar de / su Castidad, y asimis / mo aphcaran todas sus / fuerzas, a propagar entre / los demás fideles su An / gélica Milicia.
5. Sur la tranche du bord supérieur de l’architecture, en deux parties
SINT LVMBI VESTRI PRÆCINCTI. Luc. 12. cap.
6. Sur la tranche du bord inférieur de l’architecture
ORIGO MILITIÆ ANGELICÆ, DIVI THOMÆ AQUINATIS ; SVB CÆLESTI EIUS CINGVLO CASTITATIS, INSTITUÆ.
7. Sous le médaillon de gauche
B. Stephana / Soncinas del Orden de / Predicadores […]
8. Sous le médaillon de droite
B. Colvmba / Trocasani, del Orden de / Predicadores […]
[1] Le cliché de l’estampe mis à disposition pour l’étude ne permettant pas une lecture de la lettre, celle-ci est empruntée à la transcription proposée par les dominicains de la Province du Chili sur leur site Internet (www.dominicos.net [consulté le 21 août 2013]). Seules les coupures de ligne ont été ajoutées selon ce qui se laisse deviner. Le texte des médaillons n’a pu être connu dans sa totalité.
Image
L’estampe est structurée dans la hauteur en quatre niveaux.
Les deux niveaux supérieurs sont liés. Le deuxième niveau met en scène dans une forte architecture trois récits. Au centre, dans une pièce au mur orné d’une croix tracée au feu, deux anges ceignent saint Thomas d’Aquin d’une ceinture à quinze nœuds. Derrière les pieds de l’ange de gauche brûle encore le tison avec lequel saint Thomas chassa une prostituée que l’on voit de dos, en train de s’enfuir. La scène est encadrée de deux médaillons. Celui de gauche présente Colombe Roncasani recevant le cordon des mains de saint Thomas lui-même. Celui de droite montre Stéphanie Quinzani couchée sur des épines et invoquant saint Thomas pour être délivrée de la tentation. Le premier niveau supérieur représente ce qui se passe au ciel lorsque Thomas reçoit la ceinture. La Vierge Marie que Thomas prie apparaît assise sur les nuées, environnée de putti et tenant l’Enfant Jésus dans ses bras. L’ange de gauche qui ceinture Thomas dirige du doigt le regard du saint vers cette vision de la Vierge, Mère de toute chasteté. Au-dessus de l’autre ange ceinturant Thomas, un angelot descend, porteur d’une branche de lys, symbole de la chasteté.
Le troisième niveau est celui du règlement de la Milice angélique, règlement de dix articles dont six sont écrits sur un drap tenu par deux angelots, tandis que deux autres tentent de fixer au mur la draperie. Les quatre derniers articles sont répartis par deux, de chaque côté du drap, gravés dans des rectangles saillant de l’architecture.
Le quatrième niveau est celui de la Milice. Au centre, un dominicain, assis à une table, enregistre dans un livre les nouvelles admissions dans la Milice. Trois clercs (un à gauche, deux à droite), sans doute professeurs à l’Université, distribuent les cordons. Douze personnages à gauche, dix à droite s’apprêtent à les recevoir. La condition sociale des admis est reflétée par leurs vêtements et il faut noter au premier plan, la présence de trois personnages de rang princier, agenouillés sur des coussins, leurs couronnes et sceptres reposant sur le carrelage en damier.
Commentaire
À défaut d’avoir pu obtenir des informations sur l’estampe, il convient de mentionner que l’Université de Santiago fut fondée en 1622, au couvent des dominicains.