Louis Bertrand


LOUIS-BERTRAND (PARIS, 1668-1691)

[Saint Louis Bertrand]
Marguerite MONCORNET (née Van Der Mael, ?-1691), éditeur
S. d. [1668-1691]
Burin
C. de pl. : 31,6 x 22,6 cm
France, Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds des estampes des jésuites de Chantilly.

© Claire Rousseau

 

 

 

 

Lettre
1. Sous les pieds du saint
a Paris chés la Vefue Moncornet rue st Iacques uis à uis st Yues auec Priuilege du Roy.
2. Sur les pages du livre tenu par l’ange
hic ure / hic seca / hic nu[m]: / quam / par ; cas modò / in æter / nm / parcas
3. Sous le trait carré de l’image
Le uraj Portrait de S. LOVYS BERTRAND de l’ordre des FF. Prescheurs, coppié sur l’original, qui en a esté tiré sur luy mesme, lors de la Transla[ti]on solemnelle de son S. Corps, / qui fut faite au Chapitre G[e]n[er]al de l’ordre tenu à Valence en Espagne, le 16 Iuin 1647. Lequel original se garde à Paris au Conuent du mesme ordre de la Rüe St Honoré. / Il naquit à Valence le 1. Ianuier 1516 et s’y fit Religieux de St Dominiq[ue] Le 16 Aoust 1544 à lage de 18 ans, il y mena une uie tres austere tres Ste et tres exemplaire. On l’appliqua par 5 / fois à la conduitte des Nouices, où il reussit si bien, qu’il est tenu pour le Patron « modelle d’un parfait Maistre des Nouices. Son Zele le porta à la conuersion des Indiens, où il alla / dez l’année 1562. y trauailla 7 années entieres, opera tant de merueilles, et conuertit à la foy tant de milliers d’infideles, qu’il y est reueré co[m]me un Nouuel apostre des Indes. Dieu / mesme l’y preserua par 2. Fois miraculeusem[ent] de la mort et du poison qu’on luy auoit fait aualer, et luy co[m]muniqua le don des langues et des miracles. Il fut aussy doué de l’es / prit de Prophetie : Et la grande et Seraphiq ; Mere Ste Therese l’ayant consulté co[m]me un ho[m]me esclaire du Ciel sur son dessein de restablir et reformer son ordre, il l’y encou / ragea et luj predit qu’en peu de temps elle uerroit sa reforme bien affermie et multipliée dans le Roiaume car il arriva. Il uescut et fut tenu et honore comme un st de tout le peu : / ple et des plus grands et plus Sts Personnages de son Siecle, durant sa uie et à sa mort qui arriua comme il l’auoit predit le jour de St Denis 9 Octob: 1581 a 9 heures du matin / en son Conuent de Vce où il auoit prit lhabit et esté fait Prieur le 15 mars 1575. Il fut enterré proche du grand Autel, le iour suiuant La grande deuotion des peuples enuers ce St Les / miracles que Dieu a operé par son intercession à sa sepultre et à son to[m]beau et la Stete de sa vie ont porté le Pape Paul V. sur la requisition du RoyCatholiq: du Roiaume et Ville de / Valce et de tour l’ord[re] de st Dominiq: a le declarer solemnellemt Bienheureux et a donner le Bref de sa Beatifica[ti]on a Rome le 29 Iuillet 1608.

Image
Au centre de l’image, Louis Bertrand est debout, regardant la coupe qu’il tient en main. De celle-ci s’échappe un serpent indiquant que le contenu est empoisonné et, pour l’exorciser, le religieux esquisse, avec l’index et le majeur levés de la main droite, un signe de croix[1]. À la hauteur de l’épaule du religieux, sur la droite, un ange tient un livre ouvert sur des paroles de remise de son âme à Dieu, telles qu’elles sont utilisées lors du rituel de l’extrême-onction. Dans le bas de l’image, de chaque côté du saint, deux petites scènes relatent des épisodes de sa vie. À gauche, le saint est pris à parti par un cavalier, qui cherche à l’atteindre avec sa masse cruciforme ; à droite, il est forcé par un assaillant armé d’un couteau de boire à la coupe empoisonnée.

[1] Dans les récits, Louis Bertrand, empoisonné, aurait vomi au bout de trois jours le breuvage sortant de sa bouche sous forme d’un serpent.

États
Premier état ? : non localisé ; vraisemblablement sans le « S. » précédant le nom de « Louys Bertrand » ; sans doute avec « Balthasar Moncornet » comme éditeur. Voir commentaire ci-dessous
Second état [?], celui décrit : France, Lyon, Fonds des estampes des jésuites de Chantilly

Commentaire
Contrairement à celle de l’estampe de la série des saints dominicains éditée par la veuve de Balthasar Moncornet [Cat. 1615], la lettre ne mentionne pas la canonisation de Louis-Bertrand. Sa création est donc antérieure à 1671. Le « S. » de « Saint » collé au prénom du religieux est sûrement la trace d’un ajout à l’occasion de la canonisation en 1671.
Il faut donc distinguer une création à partir de la mi-juin 1647, date à laquelle les frères du couvent de l’Annonciation, de la rue Saint-Honoré à Paris, rapportèrent du chapitre général de Valence une effigie du saint, modèle de l’estampe (voir le texte de la lettre), et un tirage largement postérieur, vraisemblablement à l’occasion de la canonisation (1671).
La gravure au burin serait contemporaine de Balthasar Moncornet (vers 1600-1668), même s’il n’en fut que l’éditeur et non le graveur ; le présent tirage est au crédit de sa veuve. Il s’agirait donc d’un second état.
Une autre hypothèse serait l’acquisition d’une planche hors du fonds familial.