Pour Soeur Marinette Ouensanga
Pour tous les Frères et Soeurs laïcs de l’Ordre des Prêcheurs
En ce temps de confinement, nombre de chrétiens sont déconcertés de ne pas avoir pu participer aux offices de la Semaine Sainte et à la Vigile pascale. Les célébrations de la Passion et de la Résurrection du Christ sont le sommet de l’année liturgique car la mort et la résurrection de Jésus sont le fondement de la foi chrétienne.
Le confinement ne durera pas et les catholiques pourront prochainement retourner à la messe. Or, en chaque messe est fait mémoire de la mort et de la Résurrection du Christ. Ce mémorial réactualise son sacrifice. Sans l’ampleur des célébrations annuelles de la Semaine Sainte, chaque messe célèbre le Mystère pascal et permet d’y participer.
François Mazot, graveur, éditeur et marchand d’estampes à Paris, le savait comme il savait aussi que la dévotion chrétienne s’exprime parallèlement à travers d’autres pratiques. En 1651, il décida d’offrir au marquis de Chasteau-neuf (Charles de l’Aubepisne, 1580-1653) un ouvrage étonnant :
Le Tableav de la Croix representé dans les ceremonies de la Ste messe ensemble le tresor de la deuotion aux soufrances de Nre S. I. C. le tout enrichi de belles figures, a Paris, Chez F. Mazot, ruë St Denis pres St Sauueur. 1651.
La première et principale partie est constituée de 70 planches (2 x 35) gravées en taille-douce, présentant, en vis-à-vis et alternativement, les différents moments de la messe et des oraisons aux saints.
Or, la planche n° 21, celle de l’élévation de l’hostie lors de la consécration, est associée aux figures de saint Dominique et de saint François d’Assise dont la planche porte le même numéro.
Si l’association des deux saints en une même planche est courante, il est impossible de discourir sur leur présentation en lien avec l’élévation. La succession des saints dans l’ouvrage suit un ordre traditionnel de présentation : Pierre et Paul, les apôtres et les évangélistes, les martyrs et les Pères de l’Église, les grands saints du Moyen Âge et les fondateurs d’Ordres, quelques autres saints et la longue cohorte des saintes. C’est sans doute involontairement que saint Dominique et saint François se trouvent en rapport avec l’élévation de l’hostie par le prêtre, scène surmontée du rappel de l’élévation de la Croix. L’oraison principale est bien destinée à l’union du croyant au Christ élevé en croix, tandis que les oraisons propres à chacun des deux saints sont plus communes.
Quoi qu’il en soit, l’ouvrage, dont la seconde partie comporte différentes séries de litanies, propose au croyant d’associer étroitement sa participation aux saints mystères et la dévotion aux saints les plus remarquables, ce que François Mazot reconnaissait dans son épître dédicatoire comme étant le plus utile au grand public, pour la Gloire de Dieu :
« Monseigneur
Je ne dois pas craindre que ce Liure ne trouue vostre approbation, puisque c’est un recueil de Meditations deuotes sur les Mysteres de la Passion applicquées au Saint Sacrifice de la Messe, ensemble des Oraisons addressées aux Saints et aux Saintes que l’Eglise inuoque dans les Litanies. Elles sont accompagnées de leurs Images en taille douce, lesquelles ayant à parestre au Jour, pour la plus grande Gloire de Dieu, et pour l’Vtilité du public. Comme ce sont, Monseigneur, les deux choses sue Vous cherissez le plus ; aussi me font elles croire que cet Ouvrage ne sçauroit auoir vne meilleure Protection que celle de Vostre Grandeur. Receuez le donc, s’il vous plaist, Monseigneu, pour vne marque de mes Respects, et du Devoir qui m’oblige d’estre
Monseigneur
De vostre Grandeur
Le tres humble, et tres
obeissant Seruiteur
F. Mazot »
Le confinement va encore durer…
…et l’ouvrage de François Mazot pourrait lui aussi devenir un « kit » pour s’associer au mystère pascal de l’Eucharistie, dans la communion de tous les saints, baptisés de la terre et saints du ciel.
Les fleurs et les insectes parsemant le sanctoral introduiront un peu de printemps dans les intérieurs et, pour quelques férus, l’occasion d’herboriser ou d’entomologiser en images.
Clichés présentés
Édition de 1652 (Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, RESERVE 8-NF-4017).
© Gallica/BnF
Seules quatre planches sont signées.
Le titre illustré et la première planche des litanies des saints sont de Jean Collin.
Le portrait du dédicataire est de Guillaume de Gheyn (1610-?), graveur d’origine anversoise.
Les litanies du Nom de Jésus sont de J. Durant.