Pour Frère Emmanuel Perrier
Pour Frère Éric Pohlé
Pour Frère Renaud Silly
En ce temps de crise, les Frères Emmanuel, Éric et Renaud ont décidé de sonner l’Espérance et d’ouvrir le Diaire des Jacobins, pour partager leur certitude que Dieu a déjà donné en Christ le chemin du salut et que ce salut est l’étoile qui brille dans la nuit.
Au lieu de sonner une alarme d’inquiétude, chaque jour ils puisent dans la Parole de Dieu et les commentaires des Pères de l’Eglise et des saints pour vous proposer la confiance.
Bien avant eux, un dominicain, Michel Ophovius (1570-1637) tint son diaire du 4 août 1629 au 13 janvier 1632.
Les temps étaient dramatiques, non par l’épidémie mais par la guerre.
Michael Ophovius est né en 1570 dans la ville où il devint évêque. Entré au couvent des Prêcheurs d’Anvers en 1585, il y fit profession le 18 octobre 1586 et y devint prieur pour la première fois en 1608. Il entreprit alors la reconstruction de l’église qui avait été dévastée par les calvinistes.
En 1611, il participa au chapitre général qui se tint à Paris, ce qui lui permit de rencontrer Sébastien Michaelis et de découvrir son œuvre de réforme de l’Ordre en France. Cet exemple devait le guider dans son entreprise.
En tant que Provincial, il rétablit le centre d’études de Douai et procéda à l’ouverture du couvent de Lier.
En 1623, sous le prétexte d’une visite familiale à Bois-le-Duc, il est chargé d’une mission secrète pour l’archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie qui espérait que la forteresse de Heusden passerait du côté espagnol. Arrêté lors de la transmission des propositions de ralliement, Michael Ophovius est transféré à La Haye où il est emprisonné pendant vingt mois, dans l’attente de sa condamnation à mort. L’archiduchesse dut organiser une mobilisation internationale pour obtenir sa libération le 26 novembre 1624.
En compensation de ses souffrances – mais aussi en raison de ses qualités personnelles – Michael Ophovius est nommé sixième évêque (et le seul à être natif de la ville) de Bois-le-Duc et reçoit sa consécration à Anvers, le 13 septembre 1626.
Trois ans plus tard, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1629, le prince Frederik-Hendrik d’Orange-Nassau assiège la ville. Longue période d’angoisse, de violence, de confinement, de faim, d’incertitude s’étalant des mois durant jusqu’au 14 septembre de la même année. En tant qu’évêque, Michael Ophovius s’implique d’abord dans la défense de la cité puis dans la négociation de la capitulation, obtenant, notamment, l’exil des religieux avec une partie de leurs biens.
Michael Ophovius se considéra dès lors comme un évêque en exil, refusant le siège de Bruges et se consacrant, depuis Geldtrop, au soutien des catholiques demeurés à Bois-le-Duc. À Geldtrop, il consacra des prêtres, bénit des autels portatifs, prêcha en plein air et envoya les religieux administrer les sacrements envers et contre tout.
Le 4 novembre 1637, il mourut au couvent de Lier où il passait ses derniers mois. Son corps fut transféré dans l’église conventuelle d’Anvers, le 5 janvier 1638.
Son diaire consigne les souffrances et les exactions subies par les catholiques, mais aussi cette invincible espérance, « luce et fructu » de sa devise épiscopale.
La Reddition de Bois-le-Duc et l’exil des catholiques
Crispijn II van De PASSE (1594/1595-1670), graveur
1629
Burin
Feuille : 14,1 x 37 cm
Pays-Bas, Amsterdam, Rijksmuseum, RP-P-OB-81.217.
© Rijksmuseum
L’estampe d’un format allongé met en scène la reddition de la ville de Bois-le-Duc. Presque au centre de l’image, l’allégorie féminine de la cité, couronnée d’une maquette, est agenouillée, tenant en main un écu aux armes de Bois-le-Duc. Derrière elle, debout, le gouverneur et un autre personnage important la stimulent dans la remise des clefs au Prince d’Orange, Frédéric-Henri de Nassau (1584-1647). Celui-ci, de profil, vêtu d’une armure (à l’exception du casque empanaché posé au sol), lui fait face et la regarde. Il est accompagné de ceux qui ont participé à ses côtés aux combats, vêtus de nouveau en civil.
Entre l’allégorie et le Prince, derrière leurs mains qui se rejoignent s’inclinent l’évêque Michael Ophovius, la supérieure du Carmel et deux autres religieux non identifiés.
La scène est présentée sous une sorte de draperie-tente et l’ensemble n’est pas sans évoquer les représentations par Charles Le Brun de la famille du roi de Perse vaincu face à Alexandre.
Sur le côté droit de l’image, l’arrière-plan montre la ville qui se vide déjà des exilés.