Vio, Thomas de

Thomas de Vio, dit Cajetan (Paris, 1644)

Thomas de Vio, Card. Caietanvs

Frans Van den Wijngaerde (1614-1679), graveur

1644
Burin
C. de pl. : 13,2 x 9,5 cm

Planche pour Henry Albi (1590-1658), Eloges Historiqves des Cardinavx Illvstres Francois et estrangers mis en parallele Auec leurs Pourtraits au Naturel. Par le P. Henry Albi, de la Compagnie de Iesus, A Paris, Chez Anthoine de Cay, au bout du Pont-neuf, du costé de l’Escole, à la Croix d’Or, 1644, p. 512.
France, Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : RES-H-583.

© Claire Rousseau

Lettre
Sous le trait carré
Thomas de Vio, Card. Caietanvs / Creat An°1517. Mort 1534.

Image
Thomas de Vio (1469-1534) est présenté de profil, tourné vers la gauche. Il est coiffé du bonnet de docteur et porte un camail. Aucun indice ne permet de le reconnaître comme dominicain.

États
Un seul état : France, Orléans, Musée des Beaux-Arts, 2013-O-9506 ; Paris, Bibliothèque nationale de France – cote : RES-H-583

Bibliographie
2000, Hollstein, t. 50, p. 200, n° 57 ; fig. 57, p. 211

Commentaire
Frans Van den Wijngaerde (1514-1679) est l’auteur d’une partie des portraits contenus dans l’ouvrage. Les autres sont signés Jean Baron, dont celui d’Hugues de Saint-Cher [Cat. 691].
L’ouvrage est doté d’un « Advis svr les povrtraits des Cardinaux qui ont esté inserez ». En cet avis, l’auteur explique avoir obtenu de Monsieur de Liergues :

« de rechercher, & de recueillir dans son Cabinet les Medailles, & les Pourtraits originaux de tous les grands hommes tant anciens que modernes, qui ont gouuerné souuerainement les Estats ; ou qui les ont singulierement honnorez de leur pieté, de leur doctrine, de leur valeur, de leur conduite, ou de quelque autre merite extraordinaire. Entre lesquels on y void vn grand nombre d’illustres visages de ces grands Prelats, & Princes de l’Eglise, qui ont donné par leurs eminentes qualitez de l’éclat à la pourpre Romaine, dans toutes les affaires, & les negotiations les plus importantes des Estats où ils ont esté glorieusement employez, & sur les Theatres les plus éleuez de la Chrestienté : lesquel il ne s’est pas contenté de fournir pour l’accomplissement de cet ouurage, selon le dessein qu’il m’en auoit inspiré ; mais il a pris encore la peine de les faire exactement grauer à ses frais sur les pieces de son cabinet, estimant peu la despense qu’il y a faitte pour satisfaire la loüable passion qu’il a de seruir, & de gratifier le public.

  Or encore que ie ne vueille pas estre difficile à croire, que nonobstant les soins qu’il y a apportez, il se trouuera de personnes curieuses qui examinant en particulier la verité de ces Pourtraits, rencontreront sans faillir ailleurs quelque notable difference d’auec la fidele expression que le burin en a icy faitte. Si ne doiuent ils pas ignorer que comme les hommes aux diuers âges de la vie se montrent souuent si differens d’eux-mesmes, qu’ils en sont presque méconnoissables à leurs amys, qui cherchent sur leurs visages les traicts, & les lineamens que le temps y a effacez. Aussi faut-il en suite que toutes les images de peinture, de graueure, où de relief qui les representent selon cette differente constitution en paroissent diuerses : comme ie ne doute point que dans le nombre des figures qui sont en cet ouuvrage, l’on n’y voye quelques Cardinaux representez au vif d’un air plus tendre, & au visage ieune comme on les a trouuez ; qu’on rencontrera peut estre ailleurs peints, ou figurez d’un air plus crû, & d’un âge plus auancé. Et il est encore à remarquer, qu’il arriue souuent, en quoy plusieurs sont deçeus ; que la mesme figure representée, ou regardée de profil paroist estre une autre quand elle mise de front, à ceux qui considerent plûtost le traict, que l’air de la figure, & dont l’vn est plus aisement contretiré du pinceau, ou du burin, que n’est pas l’autre, comme le sçavent bien les Experts.

  I’adiousteray icy, pour conclusion de cet aduis, qu’il y a des personnes qui eussent desiré que ces figures eussent porté chacune l’Escusson, & les Armes propres des Cardinaux qu’elles representent. Mais comme c’eust esté chose difficille d’enfermer dans un petit Escu, des Armoiries, comme elles se trouuent souuent, écartelées, contrécartelées, & couppées de plusieurs pieces, & y faire reconnoistre par quelque marque particuliere, comme il seroit à propos, les blasons, & les émaux differens dont elles sont composées : aussi a-t’on iugé que c’estoit chose aisée de les rencontrer dans le Ciacon, & les autres qui ont esté curieux de les recueillir. »

Le sieur de Liergues dont il est question est Gaspard de Monconys (1592-1664), seigneur de Liergues et de Pouilly, conseiller du roi et lieutenant criminel au siège présidial de Lyon, dont le cabinet de curiosités, riche de médailles et de portraits peints ou en taille-douce, jouissait d’une grande réputation.
Le fait que Gaspard de Monconys soit tout à la fois le mécène et le fournisseur des modèles des planches de l’ouvrage conduit à repenser la circulation des deux graveurs qui, originaires l’un de Toulouse (Jean Baron) et l’autre d’Anvers, ont dû séjourner à Lyon, étape vers Rome.
L’ouvrage fut repris, après l’expiration du privilège, par Gilbert Saulnier (vers 1598-1686), sieur du Verdier, en une seconde édition augmentée parue en 1653, laquelle conserva les mêmes planches et le même avis sur les portraits gravés[1].


[1] Gilbert Saulnier du Verdier (vers 1598-1686), Histoire des Cardinavx Illvstres, qvi ont ésté employez dans les affaires d’Estat. Contenant levrs vies heroïques, & les dignitez ausquelles leur conduite les a esleuez pendant leur vie. Novvelle Edition. Augmentée des vies des Cardinaux de Berulle, de Richelieu, & de la Rochefaucaud. Par le sieur Dv Verdier, Historiographe de France. Et enrichie de leurs Portraicts representez au naturel, A Paris, Chez Iean Baptiste Loyson, au Palais, à l’entrée de la petite Salle du costé de la Saincte Chapelle, à la Croix d’Or, 1653 (France, Lyon, Bibliothèque municipale – cote : SJ H 194/17).