GAGE, Thomas (?, vers 1597-1656, Kingston [Jamïque])
Prénom en religion : Tomás de Santa María
Statut dans l’Ordre : prêtre du Premier Ordre (jusqu’en 1642)
Statut dans l’Église anglicane : ministre de la Parole ; évêque
Biographie
Né de parents catholiques anglais, Margaret et John Gage, Thomas est d’abord envoyé se former, conformément à son statut social, au collège des jésuites de Saint-Omer (France). Dans la même perspective, il part compléter sa formation au collège anglais de Valladolid (Espagne) pour qu’il devienne lui-même jésuite et revienne comme missionnaire en Angleterre. Mais contrairement aux espoirs fondés sur lui, Thomas décide d’entrer dans l’Ordre des Prêcheurs où il prend le nom de Thomas de Santamaria.
Professeur de rhétorique au couvent de Xérès, Thomas se porte volontaire en 1625 pour partir aux Philippines. Les colonies espagnoles étant interdites par décret royal aux étrangers, c’est dans un tonneau que Thomas Gage embarqua depuis Cadix le 2 juillet 1625, avec une trentaine d’autres frères.
L’expédition passa par le Mexique où Thomas Gage demeura, enseignant le latin au couvent de Mexico. Les rumeurs sur l’état d’esprit des couvents aux Philippines engagèrent Thomas et trois autres frères à s’enfuir vers le Guatemala où il fut reçu par le supérieur du couvent de Chiapa.
Thomas Gage souhaita revenir en Europe, ce qui lui fut refusé par ses supérieurs. Il mit alors tout en œuvre pour récolter par lui-même les fonds nécessaires à son rapatriement. Aigri, déçu par la vie des couvents et des espagnols au Nouveau Monde, essuyant un nouveau refus de la part de ses supérieurs pour son retour en Espagne, Thomas Gage entreprit par lui-même de quitter les colonies pour le Vieux Continent, le 7 janvier 1637. Après un voyage rocambolesque et une capture par des corsaires hollandais, il parvint en Espagne, le 28 novembre 1637 et rejoignit l’Angleterre en 1638.
Le retour en Europe ne s’avéra pas plus aisé. Bien accueilli par sa famille, Thomas Gage découvrit néanmoins que son père l’avait déshérité. D’autre part, mettant en doute la foi catholique et ses formes d’expression dans les colonies, il se rapprocha des idées protestantes. En 1642, il abandonna publiquement l’Église catholique pour devenir anglican puis adopter une forme puritaine de l’anglicanisme. Thomas Gage contribua alors à la dénonciation et à la condamnation de prêtres catholiques : le prêtre Thomas Hollande, connu à Saint-Omer et à Valladolid, en décembre 1642, le franciscain François Bell, lui aussi pendu, en 1643, le jésuite Ralph Corby en 1644, le jésuite Peter Wright et le dominicain Thomas de Dade en 1650-1651, etc. Parallèlement, Thomas Gage, en tant que ministre de la Parole, mena une activité de polémiste toujours à l’encontre de prédicateurs catholiques .
Dès 1648, Thomas Gage publia le récit de ses aventures au Nouveau Monde . Ce véritable pamphlet anti-espagnol fut dédié à Thomas Fairfax de Cameron (1612-1671), général en chef de la New Model Army que Thomas Gage voulait rallier pour convaincre le Parlement qu’il était possible de s’emparer des Indes occidentales, de chasser les espagnols, de prendre possession de sources de richesses considérables et de purifier une Église corrompue. La guerre civile ne permit pas la réalisation d’un tel projet. Une fois celle-ci achevée, Thomas Gage se rapprocha d’Oliver Cromwell (1599-1658) à qui il réitéra les promesses d’une conquête aisée. Le jour de Noël 1654, dix-huit bateaux de guerre, vingt navires de transport avec 3 000 hommes dont Thomas Gage comme chapelain partirent de Portsmouth en direction des Antilles. En avril 1655, la flotte tenta de s’emparer de Saint-Domingue. Mal préparés au climat tropical, les anglais échouèrent face à une coalition non prévue par Gage entre les espagnols et les indiens. La flotte anglaise vira sur la Jamaïque qui offrit une moindre résistance et fut saisie en mai 1655. Thomas Gage y mourut l’année suivante, devenu évêque anglican de Kingston . D’après Dionisia Tejera, sa veuve Mary perçut alors une pension dont l’ordre de versement aurait été signé par « the Lord Protector », c’est-à-dire par Cromwell lui-même .
Le récit des voyages de Thomas Gage fut réédité en anglais dès 1655, toujours à Londres mais chez J. Sweeting . Cette nouvelle édition qui comporte une carte est néanmoins dépourvue de titre illustré. Les traductions en français réalisées par Melchisédech Thévenot en 1663, et par le sieur de Beaulieu Huës O’Neil sous ordre de Colbert en 1676 ne comportent pas davantage de portrait de l’ancien religieux . Ce n’est qu’à partir de l’édition en néerlandais de 1682 qu’apparut au premier tome un titre illustré figurant Thomas Gage en habit dominicain au milieu des indigènes et des espagnols, tandis que le second tome offrait l’image d’un débarquement européen sur une terre lointaine. Le titre était signé Thomas Doesburgh (actif à Utrecht de 1683 à 1714) qui indiqua qu’il en était l’inventeur et le graveur . Ce titre illustré fut ensuite copié par Pierre Picard (?-?), graveur français installé aux Pays-Bas, et, à Paris, par Pierre Aveline (1654/1656-1722). Sans doute faut-il y ajouter une reprise par une main non identifiée.
Bibliographie biographique
1982
TEJERA (Dionisia), Thomas Gage. Su personalidad y su obras, Madrid, Instituto Gonzalo Fernández de Oviedo, 1982.
Portraits et autres figurations gravées antérieurs à 1720
1682
DOESBURGH Thomas (actif à Utrecht de 1682 à 1714), graveur, [Thomas Gage au Nouveau Monde], 1682. Burin, tr. c. : 18,5 x 14,4 cm. Titre illustré pour Thomas Gage (vers 1597-1656), Nieuwe ende Seer naeuwkeurige Reyse Door Spaensche West-Indien van Thomas Gage ; Met seer curieuse soo Land-kaerten als Historische Figueren verciert ende met twee Registers voorsien. Overgeset H[endrik] V[an] Q[uellenburg], Tot Utrecht, by Johannes Ribbius, Boeckverkooper in de korte St. Jans-straet, 1682. Belgique, Gand, Bibliothèque universitaire – cote : BIB.185E015.
1694
PICARD Pierre (?-?), graveur, [Thomas Gage au Nouveau Monde], s. d. [1695]. Burin, c. de pl. : 13,9 x 8,8 cm. Titre illustré pour Thomas Gage (vers 1597-1656), Nouvelle Relation, contenant Les Voyages de Thomas Gage dans la Nouvelle Espagne, ses diverses avantures ; & son retour par la Province de Nicaragua, jusques à la Havane. Avec la description de la Ville de Mexique, telle qu’elle estoit autrefois, & comme elle est à present. Ensemble Une description exacte des Terres & Provinces que possedent les Espagnols en toute l’Amerique, de la forme de leur Gouvernement Ecclesiastique & Politique, de leur Commerce, de leurs Mœurs & de celles des Criolles, des Metifs, des Mulatres, des Indiens, & des Negres. Tome I, A Amsterdam ; Chez Paul Marret, dans le Beurs-straat proche le Dam à la Renommée, 1695. Belgique, Gand, Bibliothèque universitaire – cote : BIB.HIST.00532 vol. 1.
1720
AVELINE Pierre (1654/1656-1722), graveur, [Thomas Gage au Nouveau Monde], s. d. [1720]. Burin, tr. c. : 22,1 x 13,8 cm. Titre illustré pour Thomas Gage (vers 1597-1656), Nouvelle Relation, contenant Les Voyages de Thomas Gage dans la Nouvelle Espagne, ses diverses avantures ; & son retour par la Province de Nicaragua, jusques à la Havane, Avec la description de la Ville de Mexique, telle qu’elle étoit autrefois, & comme elle est à present, Ensemble une description exacte des Terres & Provinces que possedent les Espagnols en toute l’Amerique, de la forme de leur Gouvernement Ecclesiastique & Politique, de leur Commerce, de leurs Mœurs & de celles des Criolles, des Metifs, des Mulatres des Indiens, & des Negres. Avec Figures. Tome I. Quatriéme Edition Revûë et Corrigée, A Amsterdam, Chez Paul Marret, dans le Beurs-straat proche le Dam, à la Renommée, 1720. États-Unis, Providence (Rhode Islands), John Carter Brown Library, 01564.
1721
GRAVEUR NON IDENTIFIÉ, [Thomas Gage au Nouveau Monde], s. d. [1721]. Burin, tr. c. : 13,2 x 7,9 cm. Titre illustré pour Thomas Gage (vers 1597-1656), Nouvelle Relation, contenant Les Voyages de Thomas Gage dans la Nouvelle Espagne, ses diverses avantures ; & son retour par la Province de Nicaragua, jusques à la Havane. Avec la description de la Ville de Mexique, telle qu’elle étoit autrefois, & comme elle est à present. Ensemble une description exacte des Terres & Provinces que possedent les Espagnols en toute l’Amerique, de la forme de leur Gouvernement Ecclesiastique & Politique, de leur Commerce, de leurs Mœurs & de celles des Criolles, des Metifs, des Mulatres des Indiens, & des Negres. Tome I, A Amsterdam, Chez Paul Marret, Marchand Libraire dans le Beurs-straat, 1721. France, Lyon, Bibliothèque municipale – cote : SJ IG 539/423-424.