Agathe de la Croix


AGATHE DE LA CROIX (PARIS, 1635)

La B. Mere Agathe de la Croix
Pierre DARET (vers 1604-1678), graveur
1635
Burin
C. de pl. : 20,9 x 12,3 cm

 

 

 

 

 

Planche pour GIFFRE DE RECHAC (Jean dit de Sainte-Marie, 1604-1660), Les Vies et actions memorables des Saintes Bien-hevrevses tant dv premier qve dv Tiers-Ordre du glorieux Pere & Patriarche S. Dominique. Composees selon l’ordre alphabetique de leurs noms. Par le Reuérend Pere Ian de Sainte Marie, Religieux du Nouitiat general de l’Ordre des Freres Prêcheurs de Paris. Premiere Partie, A Paris, Chez Sebastien Hvré, ruë S. Iacques, au Cœur bon, 1635, avant la p. 41.
France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir – cote : Res. Mod. C 73 1.

© Claire Rousseau

Lettre
1. Sous le trait carré de l’image
La B. Mere Agathe de la Croix professe du tiers ordre de st Dominicque. æt. 73. /
Colonne de gauche : Foulez l’Enfer aux pieds son horreur et sa rage, / Sans pousser plus ces mots au plus fort de l’orage / Que Iesus uous delaisse au milieu de ses croix
Colonne de droite : Vous uerrez uostre esprit bien tot hors de ses doutes / s’il pleut des croix sur uous il demeure aux escoutes / Pour êntendre tousiours uostre plaintiue uoix
Sous les deux colonnes, à droite de l’estampe : Daret sc.
2. Partant de la bouche de la religieuse et se dirigeant en oblique vers les cieux
mon Dieu pourquoy m auez uous delaissé

Image
Vêtue de l’habit du Tiers-Ordre, un chapelet pendu à la ceinture, Agathe de la Croix se tient debout au centre de l’image. Elle est tournée de trois quarts vers la droite. Son regard est levé vers une apparition de saint Dominique agenouillé sur une nuée. La prière de la religieuse s’élève vers les cieux et l’inscription passe à proximité de la main et du crâne du saint. Toujours dans les cieux, mais derrière la sœur, le Christ, vêtu d’une tunique, est assis sur une nuée et esquisse le geste de la bénédiction. La tête du Christ est auréolée de rayons et est encadrée, sur la droite, par quatre putti. Alors que la tête de saint Dominique ne porte pas de rayons, celle d’Agathe en est dotée. Au-dessus de la religieuse, un bras sort de la nuée et la main répand sur Agathe de la Croix une pluie de croix mêlées d’épines.
La religieuse se tient sur une langue de terre fracturée sur la droite, laissant ainsi apparaître le feu de l’enfer et deux diables. Derrière elle, un fleuve la sépare d’une ville.

États
Premier état, celui décrit : Planche pour GIFFRE DE RECHAC (Jean dit de Sainte-Marie, 1604-1660), Les Vies et actions memorables des Saintes, Bien-heurevses tant dv premier qve dv Tiers-Ordre du Glorieux Pere & Patriarche S. Dominique composeesselon l’ordre alphabetique de leurs noms…, A Paris, chez Sebastien Hvre, ruë S. Iacques, au Cœur Bon, Premiere partie, 1635, avant la p. 41. France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir – cote : Res. Mod. C 73 1
Deuxième état : dans la lettre, en bas au centre : Herman Weyen excud. ; France, Paris, Bibliothèque du Saulchoir, B1
Troisième état : La partie supérieure gauche a été retaillée. Le Christ a été refait et se trouve désormais entouré de cinq jeunes religieux agenouillés. L’excudit d’Herman Weyen a disparu (voir ci-après). France, Paris, Bibliothèque nationale de France, Rd 3 Fol. (Saintes A), H164981

Bibliographie iconographique
1954, IFF, t. 3, p. 301, n° 403 ; 2005, LHOPITEAU, n° 67

Commentaire
La planche fait partie d’un ensemble commandé pour illustrer l’ouvrage de Jean Giffre de Rechac. La planche figurant Agnès de Montepulciano et celle Catherine de Raconis sont de Pierre Daret. Le frontispice et la planche dédiée à Colombe de Rieti sont signés par Grégoire Huret (Lyon 1606-1670 Paris). La planche représentant Catherine de Sienne porte l’excudit d’Herman Weyen (début XVIIe siècle-1672) mais pas de signature de graveur.

L’excudit d’Herman Weyen porté sur certaines planches du livre, et surtout sur des planches conservées indépendamment de celles ne portant pas son nom et insérées dans des exemplaires du livre, laisse penser qu’Herman Weyen fut l’imprimeur des planches de l’ouvrage et que celles-ci furent également vendues séparément comme images de dévotion.

En toute logique, Agathe n’étant pas béatifiée, elle n’aurait pas dû être représentée auréolée de rayons. Cette mise en gloire est d’autant plus surprenante que saint Dominique qui lui apparaît est dépourvu d’auréole.
L’apparition représentée dans la partie supérieure gauche du troisième état semble correspondre aux mentions faites par Jean de Rechac d’apparitions à la religieuse du Christ accompagné des saints Dominique, François, Thomas d’Aquin, Antoine de Padoue [1].
La scène principale de l’image reprend la plainte exprimée par Agathe de la Croix qui se sentait délaissée par le Christ. Celui-ci apparut pour la consoler et lui montrer les âmes torturées. Au terme de plusieurs jours de prière et de pénitence, saint Dominique apparut à son tour, accompagné de saint François. À leur départ, « une grêle de supplices & de tourmens vinrent fondre sur son cors, lesquels durerent l’espace de huit iours[2]».

[1] Jean Giffre de Rechac, op. cit., p. 164.
[2] Ibidem, p. 177.

Troisième état